122 R.A.C.F. 24, 1, 1985.
c’est n’avoir pas compris les exigences d’un type d’enquete dont la demarche se valide par la coherence des ensem-bles obtenus. Quand il nous est dit, enfin, que la nćcessitć de « la plus severe critique des donnćes de base » ne saurait etre suppleee par rinformatique et l’optique, le poncif n’est pas seulement vieillot, il est amphigourique. On l’a compris, les « hćlas », « negatif », via les « artificiellement » participent, dans la « notę » d’A. Ferdiere, d’une rhćtorique qui confond compte rendu et reglement de compte, avec d'Arbois de Jubainville probablement.
Alain DAUBIGNEY CNRS UA 338-RCP 627 Le 5.11.1984
II est vrai que le genre meme de la chronique, telle que nous Favons inauguree dans R.A.C.F. 23, 1984, presente quelque injustice, dans la mesure ou les regles du jeu sont definies a priori, de maniere unilaterale : d’autant plus meritants sont donc ceux qui les acceptent, et qui de plus « essuient les platres » d’un tout premier echange. II faut donc remercier a. daubigney et G. chououer d’avoir pris cette initiative, et d’avoir ainsi acceptć d’entrće le jeu propose : celui du dćbat d’idee et du droit de reponse. Nous souhaitons a Favenir pour nos chroniques toujours plus de reactions, positives ou non...
« L’archćologie agraire des plaines de la Saóne vient de naitre... [...]. Nos « champs celtiques », parmi les pre-miers decouverts en France, ont de 30 a 50 ans de retard sur leurs aines anglo-saxons ou germaniques ! II ne conviendrait pas d’insister sur une situation dont on se doute qu’elle ne peut etre le fait du hasard mais qui est au contraire due a des causes tres profondes. » (chououer 1983: 113).
Cest par ces mots que G. chououer introduisait il y a peu son etude du paysage des Plaines de la Saóne : ou Ton voit que le jugement — certes severe — que je portais, dans la precedente chronique, sur Fetat de Farcheologie rurale en Gaule romaine semble dans une large mesure ici partagć, y compris dans une certaine « anglophilie »... Je souhaite toutefois preciser quelques points.
Tout d’abord sur la critique de fond de G. chououer concernant le genre meme de la chronique : on nous cedera qu’il a au moins Favantage de susciter des reactions, donc d’alimenter le debat.
Si par ailleurs j’ai pu paraitre « lćgifćrer » (?), c’est alors bien involontairement et je ne pense pas avoir jamais ecrit, ou meme dit, qu’« il n'y a pas de centuriations romaines en Gaule chevelue » ; ce que j’ai dit, ecrit — et repete ici — c’est que les documents actuellement mis en avant ne sont pas probants. Je ne voudrais d’ailleurs pas que Ton pense que Fexistence de telles centuriations, si elle ćtait un jour clairement demontree en Gaule du Nord, me generait en quoi que ce soit, pour d’obscures raisons theoriques : je n’en fais pas une affaire personnelle. Mais les arguments contrę pesent aujourd’hui, en la matiere, au moins aussi lourd que les arguments pour. Quant au droit de juger, il est a mon sens celui de tout citoyen de donner son avis, s’il le desire, sur quelque sujet que ce soit, et de defendre ses convictions... Je ne crois pas non plus etre un fervent defenseur de la « description poin-tilliste » et ai toujours marque mes preferences, par exemple, pour Fecole anglo-saxonne, qui choisit de se lancer dans des syntheses et des hypotheses parfois aventurees, mais au bout du compte toujours fecondes, plutót que pour Fecole « germanique » des Corpus, des analyses lourdes, effectivement souvent sans fin et steriles... Ceci dit, je suis pręt & faire amende honorable si Fon peut me citer des avancćes essentielles dans notre domaine, en France, depuis 20 ans, et donc depuis grenier, si ce n’est le sempiternel apport de la prospection aerienne, et Fexemple, rebattu, de la Picardie : je ne demande qu’a faire la connaissance de ces chercheurs, que je semble ignorer, et dont j’espere qu’ils m’en excuseront.
Le libelle d’A. daubigney necessite quant a lui un examen plus detaille. Dire que « tout reste experimental » en microtoponymie est faire fi d’une bibliographie pour le moins plethorique, sinon convaincante. Et, quoi qu’en dise notre interlocuteur, il existe toutefois en la matiere quelques acquis qui jouissent d’un consensus assez gćneral (par ex., les « toponymes - signaux » du type FOrmeau...). A moins que, n'etant effectivement pas au fait des subtilitćs du dialecte jurassien, de tels mots aient ici un autre sens... Je prends acte par ailleurs des rćcentes donnees de la palynologie et des sondages k Saint-Aubin : le texte qui m’est « parvenu » est celui qui a ete publić dans la R.A.E. D'autre part je ne doute pas un instant qu’il existe en la matiere des toponymes caracteristiques de boisement : mais ii serait sans doute bon d'en apporter la preuve a priori, par la concordance par exemple de ces toponymes avec des zones dont on sait par d’autres sources (documents d’archives, terriers, etc...) qu’elles ont effectivement etć boisees par le passe : cette demonstration est a mon avis ici faite de manióre tout k fait insuffisante.
Je nFinscris en outre tout a fait en faux, pour des raisons methodologiques qui me paraissent essentielles, contrę Faffirmation qu’une « demarche se valide par la cohćrence des ensembles obtenus » : une construction intellec-tuelle peut etre parfaitement logique, et reposer neanmoins sur des bases eronnees. Enfin, il est vrai que j’ai quel-ques comptes a regler avec d’ARBOis de jubainville, dont les heritiers (JULUan, grenier...) ont jusque tres recem-ment sclerose et devoyć la recherche dans notre domaine. Mais loin de moi Fidće d’attribuer cette paternite a a. daubigney : d’ARBOiS n'a, a ma connaissance, pas utilise la microtoponymie, ni particulierement etudić les ques-tions de boisement.
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