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• position morale oii vous vous 6tes places avec 1’Angleterre,
• par rapporl aux autres nations du monde. •
Repassons mainlenant l’Atlantique et nous trouverons le
me me elan genćreux pour 1’etablissement de 1’arbitrage inter-nalional chez le peuple et le gouvernemcnl anglais.
Les meetings sc multiplient, dans Kun deux 250,000 fr. ont etć votes pour la propagandę pacifiquc de 1’arbilrage international. Des journaux se fondent pour s’y consacrer specialement, et je recevais, il y a quelques jours une lettre d’un honorable membre du Parlement, M. Henry Richard , m’annonoant quc des pćtitions couverU*s d un nombre considć-rable de signatures appuyaient son projet de motion au Parle-inent, relatif i la proposition d’une adresse i la Reine « pour . qu'il plaise a Sa Majcste de chargcr le secretaire des aflaires
• etrangfcres de se mettre en rapporl avec les diflerentes puis-» sances, en vue d^tablir un systeme permanent darbitrage » International. »
Je viens d’exprimer devant vous, Messieurs, les heureuses esperances que le mouvement progressif de 1 idee de 1 arbilrage international doił inspirer du cóte de 1’Angleterre et des Etats-Unis. Mais je ne saurais vous dissiinuler qu’il est un autre point de vue d’ou 1‘horizon de la situation actuelle presente au monde civilise des nuages bien menarants et de bien sombres apprehensions.
II ne s’agit pas ici de reproduire des protestations qui ont ćte trop souvent aussi imprudentes qu’cxagerees contrę lexis-tence des armees permanentes; il ne s'agit pas surtout de renouveler des voeux ćmis par quelques membres des Socićtes de la Paix pour leur suppression.
Je ne saurais croire h 1‘ftge d’or de la fraternite chretienne ou tous les droits seront si bien respeclćs dans 1’ordre social, qu’on n’aura plus besoin de celui de lćgitime dćfense. Je pense au contraire que le droit, en elablissant sa priinaute sur la force, ne doit pas renoncer a son appui.
Ce que je redoute c’est 1’esprit du militarisme et non 1’esprit militaire qui, par son organisation legale, est la garantie de 1’ordre social et de 1'independance nationale.
Je nai jamais eu de gout pour les declamations contrę les armśes permanentes, qu’il s’agit seulement de renfermer dans la limitc des besoins de la legilime defense au dedans et au dehors, et donl Timportance doit par consequent se restreindre en raison des progres de ia civilisation et de ccux de la securile sociale et intemationale.
La consćcration de 1’arbitrage par la codification du droit des gens ne serait donc pas le renversernent du systtme des armees permanentes. II permcttrail dans le cours normal de la vie des peuples et aux ćpoąues ou 1’horizon polillque serait calme et serein , de conlribuer puissamment a alleger les charges et les dćpenses du service militaire et de mettre les divers Etals a m£*me de reduire par une bomie enlente letfectif de leurs armees permanentes.
Mais telle n est pas malheureusemenl la situation prćsente. La Prusse avait donnę un grand esemple de courage nationai lorsąue, pour combattre l'invasion de son territoire elle or-ganisa le systeme militaire personnel obligaloire. Mais quand, au lieu d'un recours tem|>oraire a ce systeme, la Prusse en a fait une inslitution permanente ou elle a jeló et enrć gimentć toutes les forces de 1’Allemagne, alors elle a portó la plus grave atteinte en Europę au developpement de la societó ciriie , a l'activite de i’agricu)ture et de 1’industrie, au progres intellectuel et morał de la civilisation ; enfin & la paix et a l’ćquilibre de 1'Europe.
Profondement blesses dans leurs interćts civils, economiqucs, industriels et moraux, les peuples de 1’Europe subissent comme un cas de force majeure 1'iinitation du systeme prussien pour ne pas laisser disparaitre par 1'inegalite des forces respectives des Etats le inaintien de l'ćquilibre europćen.
Je ne chercherai pas ici a devancer le jugement de la pos-terite et celui de 1’histoire sur la responsabilite de cette ini-tiatiye prussienne.
Un publiciste distingue (1) disait recemment que cette recette pacifique : Armez (out le monde et on ne se ballra plus, n’avait guere reussi qu'i fomenter la guerre ciriie au dedans au lieu
(t) M. de Molinari.
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