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la publication de la grandę epopee marinę du Portugais Camoens, Les Luisiades (1572) domine la litterature de voyage heroVque du temps. Elle celebre le periple de Vasco de Gama autour du Cap de Bonne Esperance jusqu’aux Indes en 1497-1498. Avec elle, le motif du voyage devient un signe essentiel du pouvoir de 1'homme sur des realites spirituelles et mate-rielles d'un acces difficile.1
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Ajoutons aussi que Le Livre des Merveilles de Marco Polo devient
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une source d'informations sur 1'Orient qui est jusqu'ici, d'apres le com-
mentaire de Moura, mai connu et que cet ouvrage regorge d'exagerations
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et d'observations precises et merveilleuses eń meme temps. La ou Cario et Regismanset voient un exotisme classique, Moura aperęoit un merveilleux «omnipresent, veritable marque culturelle de 1'Europe medievale.»12 N'ou-blions pas non plus que le Moyen Age apporte une vision denigree de 1'Islam avec La Chanson de Roland et que les croisades ont une influence sur 1'image du «[...] Sarrasin, 1'infidele. La rupture est irremediable entre
Occidcnt et Islam, car 1'alliance avec cet infidele est des lors peche.»13
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Cette image evoluera avec le temps pour aboutir a des figures de 1'Autre moins violentes. En 1557, Andre Thevet publie ses Singularitez de la France antarctiąue ou il decrit des Indiens du Bresil mais cette descrip-tion des cannibalcs est loin de les idealiser et comme telle ne pourrait pas vehiculer le mythe du bon sauvage. Comme souligne Todorov,
L'image du bon sauvage jouera un role important entre le XV1C et le XVIIIe sićcle, sans etre pour autant la seule image des populations lointaines, ni meme 1'image dominantę. Elle sera presente, en particulier, dans les relations de voyage, qui sont alors un genre litteraire tres en vogue.N
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1703, datę de la publication des trois voIumes de I'ouvrage du baron Lahontan intitules Nouveaux Yoyages, Memoires de l'Amerique septen-trionale et Dialogues curieux entre l'Auteur et un Sauvage est une datę cruciaie a partir de laquelle on peut parler, reprenant Todorov, de 1'image pure du «bon sauvage». Lahontan fait des Hurons un ideał a suivre car ce peuple obeit au droit naturel, leur religion est naturelle de meme que leur comportement spontane. Le baron met aussi en valeur 1'egalite econo-mique observee chez ce peuple ainsi qu'un certain minimalisme econo-
J.-M. Moura, Lirę l'exolisme, op. cii., p. 47.
12 Ibid., p. 44.
,J Ibid., p. 40.
14 T. Todorov, Nous et les uutres, Ed. du Seuil, 1992, p. 362.