INTRODUCTION
DŚFENSE NATIONALE ET SECURITE HUMAINE,
UNE MISĘ A JOUR NŚCESSAIRE?
Au Canada, qui prend les decisions importantes en matiere de politiąue ćtrangere et de defense? Le parlement, les ministres des Affaires etrangeres et de la Defense nationale ou le Premier ministre? Ce demier a bien entendu le demier mot. Toutefois, pour soutenir une decision, Pexpertise et la connaissance des dossiers se trouvent chez les fonctionnaires et Petat-major. Qui plus est, lorsque ces grandes decisions ont etć prises, quelle formę prend leur misę en oeuvre? Quand plus d’un ministere est responsable d'un sujet, quel avis est ćcoute? Dans ce memoire, nous proposons d’etudier la politique etrangere sous Pangle de Pinfluence bureaucratique1. En particulier, nous cherchons a determiner quel ministere exerce cette influence. Le but precis de cette recherche sera de tenter une misę a jour de Panalyse de David B. Dewitt sur les relations bureaucratiques canadiennes2. Selon sa these, pendant les annees 1990, la Defense nationale aurait resiste au concept de securite humaine provenant des Affaires etrangeres et de son ministre Lloyd Axworthy. Une misę a jour nous semble necessaire puisque plusieurs changements ont modifie les rapports de pouvoir burcaucratiques. En matiere de politique etrangere canadienne, quel ministere est influent? En jargon bureaucratique, quel ministere a le lead? Nous chercherons k etablir qu’au toumant du 21e siecle, la relation entre les militaires et diplomates canadiens s’est modifiće, accordant une influence accrue a la Defense nationale.
Tout d’abord, la ferme lutte au deficit des finances publiąues, entreprise au debut des annees 1990, a eu de serieux impacts sur la capacite du Canada a projeter son influence sur la scene intemationale3. En particulier, trois organisations appelees a mettre en oeuvre sa politique intemationale sont touchees par des coupes budgetaires: Developpement
Frćdćric Charillon, Politique ćlrangire: Nouveaux regards, Paris, Presses dc Science Po, 2002, p. 13 definit la politiąue ćtrangćre comme « Tinstrument par leąuel 1’Śtat tente de faęonner son envift>nnement politiąue intemational », tout en notant que son contróle strict par les gouvemements s’ćrode.
1 David B. Dewitt, « National defcnce vs. Foreign atTaiis : culture clash in Canada’s foreign policy? », International Journal, volume 59, numćro 3,2004, p. 579-596.
Andrew Cohen, While Canada Slept: How we Lost Ow Place in the World, Toronto, McClelland & Stewart, 2003,220 p.