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ble. Un taxi nous deposait Piazza Albania et nous montions sur l’Aventin. C’etait Tun des endroits de Romę que le Gros preferait, « a cause du calme », me disait-il. II allait regarder par le trou de la serrure du portail de Maltę, d’ou Ton aperęoit la coupole de Saint-Pierre dans le loin-tain, et cela provoquait toujours chez lui un fou rire qui m^łetonnait.

Je n’ai jamais ose lui parler de son passe ni des details qui avaient contribue a sa legende : ses bancos a Deauville ou a Monte-Carlo, ses collec-tions de jouets, de timbres-poste et de telepho-nes, et son gout des cravates phosphorescentes qu’il suffit de secouer pour qu’une femme nue apparaisse sur 1’etoffe. Un soir, au restaurant, tandis qu’il engloutissait ses lasagnes vertes, je lui ai dit que c’etait dommage, quand meme, de finir ainsi sa vie alors que toutes les fees s’etaient penchees sur son berceau.

II a leve la tete. II m’observait derriere ses verres opaques. II m’a explique qu’il se souvenait tres bien de la datę ou il avait decide d’abandon-ner la partie et de se laisser grossir, parce qu’il pensait que « rien ne servait a rien » et qu’il aurait le meme sort que Louis XVI, Nicolas Romanov, et Maximilien, le malheureux empe-reur du Mexique. C’etait une nuit de 1942 en Egypte, les armees de Rommel approchaient du Caire et le black-out ensevelissait la ville. II etait entre, incognito, a Phótel Semiramis et s’etait dirige vers le bar a tatons. Pas une seule lumiere.

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