bureau. Sur celui-ci, des crayons qu’elle avait tailles. Deux ou trois de ces enormes stylos de marque americaine dont les reservoirs etaient pleins. Et des bouteilles d’encre de toutes les couleurs. Et des gommes. Et des buvards roses et verts. Et un bloc de papier a lettres grand format ouvert sur une page blanche. J’ai ecrit en lettres
capitales : LA VIE D’HARRY DRESSEL, et
dans le coin droit de la page suivante le chiffre 1. II fallait commencer par le debut, lui demander quels souvenirs elle avait conserves de son pere, tout ce qu’elle savait de son enfance a lui et de sa jeunesse.
Harry Dressel etait ne a Amsterdam. II avait perdu ses parents tres tót et quitte la Hollande pour Paris. Elle ne pouvait me dire quelles avaient ete ses activites avant que nous le retrou-vions en 1937, sur la scene du Casino de Paris parmi les boys de Mistinguett.
L*annee suivante, il est engage au Bagdad de la rue Paul-Cezanne pour y faire un petit numero de fantaisiste. La guerre Py surprend. Par la suitę, il ne devient pas une vedette, mais une attraction de choix. D’abord au Vol de nuit jusqu*en 1943. Puis au Cinq a Neuf jusqu’en 1951, datę de son depart pour 1’Egypte, ou il disparait. Telle avait ete, dans ses grandes lignes, sa vie professionnelle.
La mere de Denise etait l’une de ces cavalieres du Tabarin que l’on voyait sur le manege aux chevaux de bois. Le manege tourne, tourne de plus en plus lentement, les chevaux se cabrent
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