orangees sur le parąuet. Pas un bruit. L’ceil-de-boeuf, a travers leąuel on devinait une chambre, etait toujours la. Je me rappelais 1’emplacement des meubles : les deux grands globes terrestres de chaque cóte de 1’oeil-de-boeuf. Sous celui-ci, la bibliotheque vitree qui supportait la maquette d’un galion. Au pied de la bibliotheque le modele reduit de l’un de ces canons qu’on utilisait a la bataille de Fontenoy. Les deux mannequins de bois avec leur armure et leur cotte de maille, chacun en retrait de l’un des globes terrestres. Et devant la maquette du galion, le sabre qui avait appartenu au duc de Gloucester. En face, dans le renfoncement du mur, se trouvait un divan, et de chaque cóte, des rayonnages de livres, de sorte que, lorsque je m’asseyais la, avant le diner, et que j’y lisais Pun des volumes relies de toile rouge, j’avais 1’impression d’occuper un compartiment de chemin de fer.
Vide, cette piece me semblait plus petite. Ou bien etait-ce mon regard d’adulte qui la ramenait a ses veritables dimensions ? Je passais dans la « salle a manger d’ete », une sorte de large couloir au dallage noir et blanc, avec une baie vitree par ou Ton pouvait voir les toits de la Monnaie et le jardin de la maison voisine. Comme en filigrane, nPapparaissait la table rec-tangulaire au plateau de faux marbre. Et la banquette de cuir orange, deteint par le soleil. Et le papier peint, qui representait une scene de Paul et Yirginie. Je traversai a nouveau 1’entree en
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