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se cachait dans un manege du bois de Boulogne dont 1’ecuyer etait l’un de ses amis d’enfance.

Hier, nous nous promenions, ma petite filie et moi, au jardin d’Acclimatation et nous arrivames, par hasard, en bordure de ce manege. Trente-trois ans avaient passe. Les batiments en brique des ecuries ob se refugiait mon pere n’avaient certainement pas change depuis, ni les obstacles, les barrieres blanches, le sable noir de la piste. Pourąuoi ici plus que dans n’importe quel autre endroit, ai-je senti 1’odeur veneneuse de POccu-pation, ce terreau d’ou je suis issu ?

Temps troubles. Rencontres inattendues. Par quel hasard mes parents passerent-ils le reveillon 1942, au Beaulieu, en compagnie de 1’acteur Sessue Hayakawa et de sa femme, Flo Nardus ? Une photo trainait au fond du tiroir du secretaire, ou on les voyait assis a une table, tous les quatre, Sessue Hayakawa en smoking, le visage aussi impassible que dans Macao, 1'Enfer du Jeu, Flo Nardus, si blonde que ses cheveux paraissaient blancs, ma mere et mon pere, Fair de deux jeunes gens timides... Ce soir-la, Lucienne Boyer se produisait au Beaulieu en vedette, et juste avant qu^łon annonęat la nouvelle annee, elle a chante une chanson interdite, parce que l’un de ses auteurs etait juif :

« Parlez-moi d*amour Redites-moi Des choses tendres... »

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