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Dans ce sens, les lettres de Miłrnea «le Turcisó » (1584), susmentionnóes, nous offrent un exemple concluant. Ultórieurement, inveterata consuetudo a pu crćer opinio juris et necesitatis, en sorte que, partant d’une situation personnelle, on est arrivś a un śtat de droit.
Pour conclure, nous pouvons dire que la prśsence, a partir du XVII* siecle, de certains sceaux princiers a texte en langue turco-ottomane, avec les caractóristiques spścifiśes plus haut, met en ćvidence la formę diplomatique de Peipression de dćpendance de la Moldavie et de la Va-lachie envers la Porte Ottomane, et, implicitement, des rapports de meme naturę entre les princes roumains et le sułtan, ce qui śquivaut a une re-connaissance publique, par le prince roumain, de la soumission de son pays a 1’Empire Ottoman 17.
Cependant, vers la fin de la troisieme dścenme du XIX® siecle de profondes modifications apparaissent dans la formę et le contenu des sceaux princiers a texte en langue turco-ottomane. Si, apres 1822,Grigore Ghica, prince autochtone, s’intitule, lui aussi, «serviteur » (abd), cette manierę de s’intituler disparait dśfinitivement chez les princes qui regnent apres le traitś d’Andrinople (1829). Nous constatons, il est vrai, meme apr&s cette datę, Pexistence de sceaux en langue turco-ottomane, mais ces sceaux prósentent un changement total en tant que stylej expression et attitude. Les princes qui regnent apres 1829 n’ont pas encore le titre de Domn (prince rćgnant), dans leurs relations sigillaires avec la Porte Ottomane, ne se servant que du titre de « voivode »; par contrę, le texte de ces sceaux, pris dans son ensemble, ne reprśsente plus une dóclaration de dóvouement du prince, de soumission absolue envers le sułtan, mais contient une simple prócision de 1’ćtat de fait, sans aucun ślśment allusif de dśpendance a 1’Empire Ottoman 18. Ce changement dómontre que le texte des sceaux, en usage jusqu’a cette datę dans les rapports avec la Porte Ottomane, ne pouvait etre considćró par les contemporains que comme offensant pour la souverainetó des deux Etats roumains. Le changement effectuś apres 1829 dans le contenu du texte sigillaire princier en langue turco-ottomane, changement du aux rćsultats pohtiques de la guerre russo-turque qui a pris fin par le traitó d’Andrinople, nous montre qu’en attendant un moment plus favorable pour un rejet total, on opere une substitution temporaire du texte par un texte en quelque sorte dś-
17 Les dites «capitulations * ne contiennent aucune clause ayant trait l’emploi des sceaux ^ texte en langue tuico-ottomane, par les princes de Moldavie (voir C Giurescu, « Capi-lula^nle Moldovei cu Poarta Otomana Studiu istonc * (Capitulations de la Moldavie avec la Porte Ottomane), Bucarest, 1908). D'aiUeurs, ni le traitć conclu en 1479, entre le sułtan Mehmed II et Etienne le Grand, n'indique nen quant aux sceaux (Voir aussi Aurel Decei, «Tratatul de pace — sulhn&me — lncheiat lntre sultanul Mehmed II ęi ętefan cel Marę in 1479 * (Le traitć de paix — sulbn^me — conclu entre le sułtan Mehmed II et Etienne le Grand en 1479), dans « Reyista istonca rom^ni • (♦ Revue histonque roumaine *), XV, 1945, p 465 — 494.) lł Les tcxtes sont reproduits dans Tannexe.