en contradiction avec 1’unitę spatiale et Ie monvement horizontal de la scene. Le sobre plafond de poutres de la yersion definiłiye repond au contrairc a I unite dambiance exigee par Iinterieur et la disposition des personnages (Fl. LXII).
Et nous voici a la derniere pbase. De mfcme que les Iumieres et Ies ombres des grandes masses ont ete superposees au ton moyen preparatoire pour saillir ou senfoncer par Ie clair obscur, Ies details yiennent, a leur tour, prendre place en deęa ou au del& du plan ąu ils animent, suivant un processus identiąue de superpositions. Point de plus bel exemple, peut-etre, que ces buissons du panneau central, ou feuilles et fruits se situent dans un plan dombre ou de Iumiere, selon Ieclairage des taillis.
Nous avons utilise precedemment Ie terme „densite”. Cest la un yocable que nous proposons, faute dc terminologie adequate. en raison de lanalogie presentće par la notion qu il designe avec Ie concept pbysique. Par densite, nous entendons unc qualite tactile-optique de la matiere picturale, resultant de sa teneur relative en Iiant et en pigment et de la naturę — plus ou moins homogene — de leur association. De la un certain caractere dempatement ou de fluidite, une certaine formę de transparence ou dopacite, en quelque sorte un certain ,,poids specifique yisuel” de la matiere.
Ici encore, c est la sensibilite de van Eyclc k la texture des matieres, aux impressions de masse et de Iumiere, qui est a I origine du developpement brusque qu’il imprime a ce moyen d’expression. En effet, c’est la densitć, plus que tout autre procede tecbnique, qui permet Ie rendu des caracteristiques tactiles des mati&res ; c est elle qui, dans une mesure notable, contribue a traduire Ies sensations de masse, de Iumiere et d espace. En enrichissant de ce Iangage la tecbnique picturale, van Eyck prćparait la voie aux maitres bollandais dont Ies plus grands genies devaient en faire un moyen superieur d expression, degage de toute signification etroitement realistę.
Or, voici que ce principe infiniment subtil et, semble-t-il, si subjectif, apparait avec une precision objective nouyelle dans Ies coupes et, souyent, dans la radiograpbie, qui s ayerent ainsi, une fois de plus, precieux instruments d inyestigation et de contróle.
Si, munis des informations de la science et de I histoire de I art, nous reereons mentalement Ies etapcs successiyes de I execution materielle, attentifs a y saisir la marque de Tesprit, nous sommes frappes par la prćsence, partout, de deux qualites apparemment contra-dictoires : une suretć, une rćgularite systćmatique, et, d autre part, quand la technique, par une transition subtile, se mue en style, une Iibertć, une spontaneite d ecriture. C est que Ies principes de base appliques par Ie peintre sont I beritage Ionguement muri, et comme devenu Iangage, de siecles de pratique artisanale. Si van Eyck innove, ił ne reyolutionne pas. Son apport s integre dans la tradition et Tenricbit sans l ebranler. Cependant, decouyrant dans la Iumiere et Tespacc des elements essentiels de la yision moderne, ii apporte, avec eux, Ieurs correlatifs tecbniques, dans Tusage nouyeau des yaleurs et des densites, et la signification enrichie du yieux principe des supeipositions.
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