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traduction des messages, il a ete ardu d’entrer en communication avec Petranger, que ce soit pour realiser un pre-terrain ou encore pour effectuer les demarches pour obtenir des bourses. Pendant le sejour, meme si notre niveau linguisti le est suffisant pour mener a bien une recherche avancee, le fait de realiser des entrevues avec des individus dont la langue matemclle est difTćrente de la notre a constituć un defi. De plus, percer les codes culturels et comprendre comment mener a bien une entrevue de maniere aussi significative que dans sa propre langue requiert une plus grandę habilete. Finalement au retour, lors de 1’ecoute des entrevues et de la transcription de celles-ci, nous avons fait face a une plus grandę difficultć d’analyse, encore une fois compte tenu de la langue... Sans compter le vaste labeur de traduction lors de Pecriture de ce mćmoire!
C’est vraiment lors du sejour en Argentine que nous avons realise a quel point il peut etre difficile d’etre chercheuse dans un territoire etranger. La solitude de la chercheuse viendra certainement affecter notre perception et notre vision de la societe d’accueil. De plus, nous avons constamment ressenti un sentiment d’entre-deux. « Partir. Sortir. Se laisser un jour sćduire. Devenir plusieurs, braver l’exterieur, bifurquer ailleurs. Voici les trois premieres etrangetes, les trois varietes d’alterite, les trois premićres faęons de s’exposer. » (Serres, 1991 : 29) Cette dualite ou tercerite dont parle Serres nous a amene a travailler avec un sentiment d’incompletude perpetuel: ne pas reussir a faire avancer suffisamment la recherche tout en ne saisissant pas pleinement le peuple d^accueil. « L’entre-deux conceme 1’articulation a l’« autre » : autre temps- question de mćmoire; autre lieu - question de place; autres personnes - questions de lien. » (Sibony, 1991 : 15-16) La duree de notre sejour, de trois mois seulement, ne nous aura finalement laisse qu’une image parcellaire de ce pays qu’est 1’Argentine.