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preface de sa traduction des Epistresfimiliaires du nieme auteur, Dolet laisse entendre que le projet est dćji menć k termę : «(...) comme aussi on voina aux Tusculanes de Cicero, par moy traduictes-1 2 Claude Longeon explique de cette faęon la strategie suivie par Dolet: «comment convaincre Ie roi que Ton est un ćcrivain qui peut faire baucoup pour Ie renom de la France, lorsque l'on est en prison, loin de sa table d'ćtude? Dolet songe alors k cette traduction des Tusculanes»1 3.
De meme 1'Orlćanais songera-t-il k sa traduction des ptóces platoniciennes en
1544. En effet, il explique ainsi l’annexion de ces demtóres k son plaidoyer, mettant
de l'avant son amour et son dćvouement pour la nańon franęaise:
Revoyant doncq mes dicts thresors, je trouvay de fortunę deux Dialogues de Platon, par moy aultrefoys traduicts et mys au net Et pour ce que j’avoys resolu et conclud en moy de mettre en lutnistę certaines compositions par moy fiarictes sur la justification de mon second emprisonnement, il m'a semblć bon <Fy adjouster lesdicts Dialogues (...) pour vous signifier que j'ay commencć et suis ja bien avant en la traduction de toutes les CEuvres de Platon. De sorte que (...) je vous puis promettre qu’avec 1'ayde de Dieu je vous rendray dedans ung an revo!u tout Platon traduict en vostre langue. Bien est vray que, si je n'aymoys unicquement le bien et honneur de ma Patrie,
je ne me mettrois en telz et si excessifs labeurs.1 4
Ainsi, la traduction des textes platoniciens, comme celle des Quesrions Tusculanes, constitue un argument considćrable pour la defense de Dolet, dćs lors qu'elle foumit la preuve que POrleanais peut servir la France en illustrant sa langue. Du reste, rimprimeur a toujours fait valoir, dans le cadre de ses publications en langue vemaculaire, le patriotisme qui l'anime. Ainsi, il dit dans la preface de La Maniere de bien traduire d'une langue en aułtre (1540):«(...) mon affectkm est telle
1 - Ć. Dolel. - Au lecteur-, dans ibid., p. tli.
1 3 C. Longeon, Commentaire aux Prifitctsjhmęcasa d*Ś. Dolet, Geo£ve, Droz, 1979, p. 166.
4 Ś. Dolet, -A Franęois Premier-, dans Prifitca franętńses, ćd. par C Longeon, Gcnćve, Droz, 1979, pp. 182-183. Cette epitre est ćgaiement reproduite dans Ś. Dolet, Le Second Enfer. ćd. par C. Longeon, Genćve, Droz, 1978, pp. 126-127. A.-M. Schmidt rangę Dolet panni les pmniers traducteurs franęais de Platon, anx cótćs d’Antoinę Hćroet, Bonaventure Des Pćriers, Richard Le Blanc et Philibert Duval; voir son article -Traducteurs franęais de Platon (1536-1550)-, dans Źmdes sur le
XVF siecle, Paris, Albin, Michel, 1967, pp. 17-44.