Vinstruction des enfants catholiąues et protestants 43
creation des seminaires, il est indćniable que les clercs sont de mieux en mieux formes et instruits et que leur tenue s’amćliore. En pays protestant, ils sont appeles k combattre l’« hćrćsie » et k incułquer k leurs ouailles les principes de la morale et de la bonne doctrine en dis-pensant 1’enseignement du catechisme.
Us sont aussi invitćs a participer aux efforts d’instruction en se chargeant eux-memes d’enseigner et, surtout, en collaborant k la sur-veillance des ecoles. Des 1606, un ćdit royal próvoit, dans son article XIV, que les maitres et maitresses d’ćcole doivent etre approuvćs par les cures des paroisses et par les ćveques (1) et ces dispositions appa-raissent confirmćes par les dćclarations royales de fevrier 1657 et de mars 1666. Lors de son premier synode, en avril 1638, Alain de Sol-minihac, l’eveque de Cahors, astreint, dans 1’article 24 de leur statut, les cures des paroisses a donner « advis des maistres d’eschole qui sont ez paroisses des champs, quelle capacitó ils ont, quelle permis-sion quelle doctrine de foy, quelles mceurs et quelle conversation, quels livres ils enseignent et S’ils s’employent soigneusement k 1’instruction de la jeunesse » (2). Lors des visites pastorales que les eveques sont tenus d’executer dans toutes les paroisses, ils contrólent aussi, et cela apparait dans leurs questionnaires, le fonctionnement de 1’ecole. Ainsi, tous les tómoignages concordent pour attester qu’au « siecle des saints », le role du clergć catholique est jugć primordial dans 1’instruction des enfants.
Soucieuse de contrecarrer l’essor du protestantisme et de recon-querir les ames « egarćes », 1’Eglise catholique se prćoccupe de deve-lopper rinstruction des garęons mais aussi celle des jeunes filles. Elle s’engage tres tót dans la fondation de petites ecoles qu’elle entend contróler sans relache. Le concile de Bordeaux, en 1583, souligne rimportance de 1’education des enfants. II afflrme la nćcessitć de pourvoir « par tous les moyens que en chascune paroisse ou k tout le moins les bourgs les plus fameux et peuplez, il y ait un maistre d’escole, lequel avec la grammaire, enseigne aux enfants ce qui touche la religion ». Le concile provincial de 1624 exprime exacte-ment la meme idee. Quant k l’acte d’union du prieure Saint-Euparche au seminaire de Perigueux, en 1710, il mentionne : « comme les ecoles sont dans un rapport special avec la multiplication du clerge, jflamboyant h l’aube des Lumi&res XIVe-XVIIIe si&cle » dirige par Franęois Lebrun, Paris, Le Seuil, 1988 et Louis CMtellier : VEuropę des dćvots, Paris, Flammarion, 1987.
(1) Roger Chartier, Marie-Madeleine Compśre, Dominiąue Julia: L’óducation en France du XVF au XVIIIe siecle, Paris, SEDES, 1976, p. 32.
(2) Citó par Eug&ne Sol: « L’ instruction en Quercy k la veille de la Rćvolution », Bulletin de la Socićtć des ótudes du Lot (B.S.E.L), n° 51,1930, p. 249.