L ’instruction des enfants catholiąues et protestants 41
paiement du ministre de la parole de Dieu et pour « le prócepteur d’escoles » nomme Charmettes.
A la suitę de 1’edit de grace d’Alós signe par le roi Louis XIII, le 27 juin 1629, Ies protestants sont contraints de ceder le contróle de nombreuses ecoles aux catholiąues partout oii leur prćsence est mai assuree. Le clerge catholiąue retrouve ses anciens droits et reven-diąue 1’installation d’ćcoles lh ou Ton n’en trouve plus. C’est le cas & Saint-Antonin ou, a partir de 1629, une ecole catholiąue est cróee h cóte de 1’ecole protestante, comme le mentionnent les comptes consu-laires de 1633. En 1639 et 1640, ces memes comptes prócisent : « Aux PP Carmes, faisant 1’office d’ung regent pour instruire la jeu-nesse catholiąue, la somme de cent cinąuante livres &, eux accordće, et a M. Boyer, regent de la R.P.R., pareille somme de cent cinąuante livres, comme appert de leurs ąuittances » (1). A Villemur, les choses ne se passent pas avec la meme apparente ąuićtude. Dós 1627, le culte reforme y est interdit par dćcision royale et aucune mention de Pćcole protestante n’apparait par la suitę.
Le contróle sur 1’enseignement exerce, de mani&re efficace, jusque-la, par les protestants, ćchappe progressivement & leur emprise. Les rivalites entre les deux confessions ne se traduisent plus par des affrontements militaires, mais s’expriment dans des contro-verses theologiąues et, surtout, elles se manifestent par des antago-nismes ou la maftrise de Feducation des enfants demeure, pendant une cinąuantaine d’annees, une preoccupation majeure. Dans cet affrontement, 1’objectif de plus en plus clairement affirmć par la monarchie et par la hićrarchie de 1’Eglise catholiąue est de restreindre 1’instruction donnee par les huguenots.
Les tensions montent dans toutes les villes ou se trouve une com-munaute protestante active ; mais a ces heurts s’ajoutent des difficul-tes financieres croissantes. Les synodes se font Pecho des restrictions qui s’imposent a F ensemble des communautes protestantes, compte tenu de la diminution des ressources. Cela touche, evidemment, les professeurs et maitres d’ecole dont les gages apparaissent de plus en plus difficilement assurds. II apparait alors que les appointements ver-ses aux maitres dependent de plus en plus des sommes que payaient les ecoliers (2), somme que Fon appelait alors le « minerval ». Cette situation s’aggrave par la suitę, et, la declaration royale de Louis XIV, le 18 juillet 1656, traduit Fimpatience des ddvots (3) qui exigent de
(1) Jean Donat : « L’instruction publiąue h Saint-Antonin aux XVIe et XVIIe siścles », Annales du Midi, 1912, p. 6, d’apres la liasse CC 56 aux Arch. mun. de Saint-Antonin.
(2) Jean Aymon, op. cit., Synode de Charenton en 1644, t. U, pp. 216-220.
(3) Alors commence «1’ćtouffement & petites goulćes » dont parle Janinę Garris-son dans L’Źdit de Nantes et sa róvocation. Histoire d’une intolórance, Paris, Le Seuil, 1985, titre du chapitre V, p. 119.