L ’instruction des enfants catholiqu.es et protestants 47
cTapres les charges consulaires de Bourret, en 1644, Pierre Deschamp exerce alors la fonction de regent (1). A la meme datę, un maitre d’ecole et son epouse se presentent a Escatalens pour enseigner gar-ęons et filles (2).
Pourtant, les traces de regents remuneres par les communautós sont beaucoup plus rares en Rouergue. Cette absence de traces signi-fie-t-elle qu’il n’y a pas de maitre d’ecole dans les petites paroisses ? Dans quelques monographies se trouve ćvoquće 1’idće que les pretres fratemisants ont pu jouer ce role. C’est ce qu’affirme Joseph Lombard dans son Histoire de Parisot en considerant que les « artisans de 1’education populaire jusqu’a la fm du XVIIe stócle furent les nom-breux pretres obituaires qui rćsidaient dans la paroisse » (3). B s’agit, selon lui, du meilleur moyen d’accroitre leurs ressources grace aux retributions accordees par les parents pour 1’education de leurs enfants. Cette hypothese parait tout a fait fondće si l’on considdre que les fratemites de pretres restent nombreuses en Rouergue au cours de ce siecle. Communautós appelees aussi consorces, elles se partagent les revenus des obits et fondations financćs par les donations ou par les legs testamentaires. Le role de ces pretres est de contribuer a chan-ter les messes et a donner plus d’eclat aux cćremonies et aux proces-sions. Dans le diocese de Rodez, meme si les fratemisants sont de moins en moins nombreux, en 1675, il en existe encore dans un quart des paroisses et 141 cotisent au don gratuit, 1’impót payć par 1’Eglise (4). Ces pretres, sans grandes occupations, ont probablement concouru a 1’instruction des enfants d’autant plus que, dans les paroisses ou leur presence est durable, apparait rarement la tracę d’un maitre d’ecole remunere par la communautó (5).
Les progres de la scolarisation des enfants sont semble-t-il passes par trois phases. La premiere a lieu, au dćbut du XVIIe siecle, au moment ou des maitres d’ecoles apparaissent dans les communautós rurales. La deuxieme se produit au milieu du XVIIe siecle, avec de nouvelles creations d’ecoles donnant lieu a de nombreux contrats de
(1) Citó par A. Bastoul dans Les ecoles a Montech, op. cit., p. 80, d’apr£s les Comptes consulaires de Bourret, 1644-1645.
(2) A. D. Tam-et-Gne, 3 E 052-30, dćlib. cons. d’Escatalens, fol. 152.
(3) Joseph Lombard : Histoire de Parisot, Toulouse, 1902, p. 148.
(4) Histoire du Rouergue, sous la direction d’Henri Enjalbert, Toulouse, Privat, 1979, contribution de Nicole Lemaltre : « Sous le vent des rćformes religieuses (XVIe-XVIłIe sićcles) », pp. 264-265. Ces communautes de pretres se trouvent aussi ćtudićes de faęon plus approfondie dans sa th&se Le Rouergue flamboyant. Le clergó et les fidełes du diocźse de Rodez, 1417-1563, Paris ćd. du Cerf, 1988.
(5) Cette fonction de mattres d’6coles tenue par les fratemisants apparait confirmć lorsqu’on lit les visites pastorales de Jean d’Yse de Salćon entre 1737 et 1745 aux Arch. dep. de 1’ Aveyron, G 112 ń G 123.