L Hnstruction des enfants catholiąues et protestants 49
D’autres ordres religieux fóminins ont vocation k instruire les filles et k fonder des pensionnats. Visitandines, Benedictines, Augus-tines ou d’autres congregations dont le principal objectif n’est pas 1’enseignement, se consacrent, chacune, k leur maniere k cet effort d’instruction. Les soeurs de 1’Annonciade ou Minorettes accueillent des pensionnaires k Rodez, depuis le dćbut du XVIe si&cle ; les Visi-tandines, les religieuses de la Visitation fonddes, au debut du XVIIC siecle, par Jeanne de Chantal et Franęois de Sales, ont profitó d’une donation de 10 000 livres pour s’installer a Saint-Ceró, en 1679 (1). Pour repondre a la demande des parents, ces religieuses se sont pro-gressivement specialisćes dans 1’enseignement meme si comme les Visitandines, il s’agissait a 1’origine d’un ordre charitable et contem-platif.
Le besoin d’instruction des jeunes filles a fortement contribuć, des la fin du XVIe siecle, au foisonnement de congrćgations religieuses essentiellement vouees k des taches ćducatives. La fondation d’ecoles par les Ursulines en Italie, puis en France dans le Comtat Venaissin, sert de modele a d’autres congregations enseignantes nćes, des le debut du XVIIe siacie, comme c’est le cas k Bordeaux, pour les Filles de la congrógation Notre-Dame. L’etablissement des Ursulines se generalise dans les grandes villes, d’abord k Paris, en 1610, puis k Toulouse, en 1614, et k Bordeaux, en 1618 (2). Elles essaiment ensuite en Haute-Guyenne, dans des villes comme dans de petites bourgades telle Montpezat-de-Quercy ob, dćs 1631, un gćnćreux donateur leur accorde des revenus ćquivalents k plus de 30 000 livres. Selon un etat du couvent des religieuses de Sainte-Ursule de cette ville, redige en 1668, « Le dit couvent feut fondć par deffunte damę Suzanne de Gramond marąuise du d. Montpezat, par acte... du troi-sieme octobre 1631, par lequel acte la d. damę declaire qu’elle fait la d. fondation pour satisfaire aux volontes du d. feu seigneur marquis son mari... Pour dottation des d. religieuses au nombre de six, la d. damę leur donnę tant en propriete qu’usufruit, une mettairie » (3). Cette propriete leur assure des revenus perpetuels qui permettent aux soeurs de Montpezat d’envisager sereinement leur avenir et d’en faire un des etablissements feminins les mieux dotes de la Haute-Guyenne.
(1) Henri Bressac : La chatellenie de Saint-Cćre et la vicomtć de Turennes, 1927, reedit. 1984, pp. 285-287.
(2) Bref aperęu de 1’histoire des congregations religieuses enseignantes dans Ueducation en France, op. cit., pp. 232-247. Uhistoire des Ursulines et de leur fondation par Angole Mćrici, ^ Brescia, en 1535, peut Stre mieux connue grice i l’ouvrage de Marie de Chantal Gueudre: Histoire de l’ordre des Ursulines en France, Paris, 1958.
(3) Louis Greil: « Ćtats des monastóres des filles religieuses du dioc&se de Cahors
en 1668 B.S.E.L., n° 24 et 25, 1899 et 1900. Copie d’un manuscrit dćcrivant l’ćtat
des 20 monastóres fćminins du diocdse.