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theatre ou les personnages se crćaient en fonction de ces phases, k travers le dramę propre au devenir de chaque personnage (qu'ćvoque Pirandello), que j'ćvoquais plus haut. Parce que, d'apr£s moi, ce n’est pas tant de dramę qu'il s'agit mais plus prćcisement de crise interieure. Ainsi (par analogie aux cinq phases suivantes : saisissement, prise de conscience, projection, verbalisation et exteriorisation d’un fantasme sous formę d'une oeuvre d'art), Soledad vit un conflit intćrieur (saisissement). Elle s'en rend compte par la prćsence de Luguette et Igor (prise de conscience des representantspsychiąues inconscients). Elle convoque son objet qui lui pose problćme pour lui faire prendre corps (elle fait face au Poete reprćsentó dans son esprit et elle verbalise son desir). Puis, elle resout son conflit avec 1'aide d'un tiers, Goudćmo (yerbcdisation du produit cathartique) afin de produire son poeme-dialogue et d'actualiser un meurtre psychique (realisation au-dehors du deuil du dćsir). L'oeuvre psychique de Soledad est ainsi mćtaphorisee par son dćsir, autrement dit, par ce qui cause sa maladie, la sexophonite aigue. C'est pour cela que j'ai eu du mai a diffćrencier, au dćpart, le comique du tragique puisque la mćtaphore est un elćment foncićrement tragique. Or, la pidce donnę dans un ton generalement comique. Ce qui a pour effet indirect une catharsis.
Mais pourąuoi un meurtre psychiąue? La fonction cathaxtique de cette piece est doublement ćvidente. D’une part, parce qu'elle incame une projection d'un desir amoureux pour le spectateur mais encore parce qu'elle resout le conflit interieur dans le defoulement d'une pulsion de mort et sa transformation en pulsion de vie pour la protagoniste. En tuant 1'objet de son mal-etre, dans son inconscient, Soledad se donnę k la vie, se libćre de 1’adolescence et tourne la clef de 1'ćpanouissement adulterin.
Je dois beaucoup a mes personnages, car ils me permettent d'affronter des situations autofictionnelles et de les surmonter fantasmatiquement. Dans ce sens, ma piece possćde une valeur cathartique. En termes de catharsis, toujours, et plus prćcisćment de traitement de la folie, il s'agit de confronter 1'ćpistem^ k l'expćrience de la folie. Or, dans La nuit de Soledad, c'est grace aux effets conjugućs du somnifóre medical, du gućrisseur et du recours au meurtre psych ique que celle-ci se tire de 1'omiere. Ainsi, comment faut-il interpreter 1'approche d'un discours sur la guerison d'une demence, si ce n*est en combmant