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relative k la civilisation de la guerre, va donc se trouver en prósence de deux systómes bien diffćrents :
L’un est celui du projet proposó par le gouverne-ment russe, qui me serable avoir une (endance assez raarąuśe k reconnaitre la nócessitó d’une codification du droit des gens et qui, considćrant la civilisation de la guerre comme la partio la plus urgente de cette codification, aspire k introduire dans les lois et les cou-tumes de la guerre, par le concours de la science et de la diplomatie et par les lumifcres de la libertś de discus-sion, le dćveloppement progressif de principes gćnć-raux et d’app!ication pratique dont le projet actuel ne serait que le point de dśpart,
J’ai ćtć plus sobre d’śloges que de critiques envers le projet du Gouverneraent russe; j’ai indiqud des la-cunes a remplir dans Tenumóration des moyens illi-cites dont la guerre doit s’interdire 1’emploi, j’ai signale l‘inconsdquence de ne pas s’expliquer d’abord sur la lógitimitó du but de la guerre avant de parler de celles de ses opdrations; j’ai dit ce qui pouvait sem-bler y consacrer plutót qu’y condamner la guerre dan-nexion et de conquete; j’ai mentionnć enfin lesinjustes restrictions apportdes aux ressources de la guerre defensive et au patriolique ólan de Tesprit national pour repousser l*invasion.
iMais du moment que le projet du gouvernement russe livre ses dispositions au grand jour de la publi-cite et fait appel k la libertd d’examen et de discus-sion, on ne peut meconnaitre la loyaute de ce procćde et les avantages a retirer de ce projet par une confe-rence qui sera remplie d’hommes ćminents et trop clair-voyants pour ne pas discerner les bonnesjdispositions a y conserver, les defectueuses a y rectifier et les lacunes k y remplir : pour en faire, en un mot, ce que doit etre un Codę de la civilisation de la guerre conęu et rćdigć non au profit de renvahissseur mais de l'en-vahi qui, appelć k combattre pour son indćpendance nationale, a seul k revendiquer dans toute sa pleni-tude lo legitime exercice du droit de la guerre.
L*autre systfeme est celui de la ddpeche du gouver-nement anglais du 14 juillet a son ambassadeur a Saint-Pćtersbourg qui, distinguant la guerre sur mer et la guerre sur terre, interdit de discuter tout chan-gement k proposer aux us el coutunies de la premibre, et ne se dćpartit k 1’ćgard de la seconde que sur quelques points seulement du t'eto qu’il impose k la liberte d’examen et de discussion.
C’est sur ces deux systfemes que la confórence est appelee a ddliberer. J’ai la ferme confiance qu’elle ne se prononcera pas en faveur du second; car le libćra-lisme est du cótś du gouvernement russe, qui veut la liberte de discussion, et non du cote du gouvernement anglais, qui n*en veut pas.
Le liberalisme consiste d’abord k ne jamais interdire la libertć de discussion, etensuite k savoir s’en servir pour combattre les principes que l’on trouve dange-reux, et pour faire prevaloir ceux que l*on croit justes et utiles. Le role le plus digne du gouverneraent anglais, serait de yenir au congr&s, non pas seulement pour y faire acte de prćsence, mais pour y demander 1’introduction des ddclarations suivantes dans le projet propose par le gouvernement russe.
La guerre est illćgitime par le caractere illicite de son but et par celui des moyens qu’elle emploie.