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au lieu de civi!iser la guerre, el que, comme l’a dit un membre de la Chambre des Communes, il tend a faire de chaque nation une caserne, et de 1’Europe un camp.
Je crois encore en partie fondee Tobsenation qui, dans la mćme depeche du 20 janvier , voit une cause d’affaiblissement pour la force dćfensive des Ćtats se-condaires dans la tendance dc la Conference & gćnćrali-ser 1’application et les esigences du systeme prussien. Maisj'aurais voulu qu’au lieu d’une simple affirmation le gouvernemcnt anglais produisit une demonslration qui me semble facile i fournir.
Les Ćtats secondaires ont vis-i-vis des grands Elats une inferiorite numerique qui n’entraine que trop sou-venl pour eux de fdcheuses consequences. Sous le re-gime de la conscription, il y avait au moins une attenua-tion a cette inferioritć numśrique ; car avec le systeme de la conscription , la guerre se faisail par Tarmee de la nation envahissante, et alors la population du peuple envahi pouvait apporter a 1’armee de la dćfensc un ren-fort numśrique important et meme celui de la levee en masse, et opposer ainsi d 1’agression d’une armde la re-sislance d’une nation. Mais avec le systeme qui univer-salise 1'obligation du service militaire, et, par la mobi-lisation, on fait une force pour Tagression aussi bien que pour la dćfense , ce n’est plus une armee qui en-vahit une nation , c*est une nation qui envahit une au-tre nation, et ce systeme tourne ainsi au profit de Tagres-sion des grands £tats et au detriment de la lorce de-fensive des Etats secondaires.
Ce nłest pas tout. Le projet finał de la Conference n’entend pas reconnaitre au peuple envahi le droit ab-solu dc recourir 5 !a levće en masse sans autre obliga-lion que celle de s’abstenir des moyens que la morale el Phumanife reprouvent. li n’admel la participation collective et individuelle des habitanls pour repousser l'envahisseur, qu’autant qu’elle soit rćgie par des con-dilions emprunlees a l’organisation du militarisme et & ses exigences, et il livre a la justice militaire tout ha-bitant qui ne s’est pas conforme a toutes ces condilions, pour remplir son devoir de defendre 1’indćpendance na-lionale et 1’integrite du territoire.
Cette restriclion imposee au droit pour le peuple en-vahi d’user de toutes les ressources de son territoire aussi bieo que de toutes les forces collectives et indi-viduelles de sa populalion, pour combattre Tenyahis-seur, esl une nouvelle et grave atleinte & la resistance defensive des Ćtats secondaires.
C’e>t dans cet ordre de faits et d’idćes que 1’Angleterre a pu reprocher aux acles de la Conference de Bruxelles d’avoir facilite les guerres d’agression et paralysć la resistance patriotique d'un peuple envahi.
Le plus grave reprocbe adresse par le gouvernement anglais a la Conference de Bruxelles, estcelui parlequel il declare c qu’il regarde le rezultat de cette Conference comme ayant dómonlre qu’il n’v a aucune possibilife d’enlente sur les articles reellemenl iinportants du projel russe, parce que les interets de la puissance envahissante el de la puissance envahie sont inconci-liables. »
Je suis l>eureux que le gouvernement anglais vienne confirmer apres la clóture de la Conference de Bruxelles ce que j’avais dii avant son ouverture, qu’en suivant