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I.

lTn mot (1’abord sur le Manuel de droit International relatil aux lois de la guerre sur terre.

Je dois óprouver le besoin de dire que, designć par 1’Institut international comme Kun des membres de la commission chargee de concourir a 1’ćlaboration de ce manuel, je n’ai pu repoudre a cet honneur, par suitę des complications qu’y apportail mon etat de cćcitó, et mon devoir est de declarer, en toute sincerite, que je n’ai ainsi a partager ni le mćrite des bonnes choses que con-tient cet important documcnt, ni Ja solidarite de celles anxquelles j’aurais pu nc pas donner mon adliesion, ni enfm la responsabilitć des desidcrula>\u’ou pourrait y remarquer.

Ce premier et mile jalon des lois de la guerre sur terre se complćtera, sans doute de celui des lois de la guerre sur mer, et je conęois, du reste, les considćrations qui conseillaient, a Oxford, sur le sol britanniquc, d’ajourner cctte seconde partie de rceuvre scientifique et civilisatrice, qu'il est dc 1'honneurde rinslilut de droit international daccornplir.

On sait ma conviction que, du moment oii Ton ue peut mal-lieureusement aspirer de longtemps, et jamais peut-Olre, a abolir la guerre, il faul au moins travailler a la civiliser, et personne ne se felicitc plus sincerementque moi de voir 1'Institut international entrer dans cette voie civilisatrice, ou Pautorite dc sa compe-tence et la maturite dc ses deliberations promettent dc fćcon<is resultats. Mais il nie semble qu*avant tout il faudrait bien pre-ciser ce qu’on doit entendre par civiliser la guerre, en conformile dc la loi de la perfectibilitś bumaine, par le progres dc la raison publique et de 1’adoucissement des nioeurs.

Ouant a moi, je rappellerai ici ce que j*exprimais, i cet egard, dans ma lettre du 13 fevrier 1873, adressee de Pau a mon emi-nent confrtre, M. Mignet, secretaire perpćtucl de 1'Academie des Sciences morales et politiques, a laquclle il en donna communi-cation.

« Je ne voudrais pas quon se nuiprit sur le sens que j’atlacbe « a ces mots civilisation de la guerrre, et qu’on puisse y voir ce

« qu’on a appele « une reglementation de coiips de canon, la « science de massacrer correctement, un commentairc enlin plus « ou moins savant sur une pratiąue qui csl la negation nieme du u droit. »

« Civiliser la guerre, c’est pour moi preclamer, avant tout, le « seul principe qui puissc la justifier, cclui de la legitime dć-« fense, et, en dehors de ce principe, la fletrir comme crimi-« nelle; en un niot, c’est montrer ce qui est le droit, la guerre « defensivc, et cequi est le crime, la guerre o(Tensive do Tamci hition et de la conqućte. Ce qu’il faut s'attacheriabo]ir, c’est la « seconde, puisqu’alors la premiere n’aurait plus sa raisond'elrc. »

II

Cette definition ne concorde gućrc avec cclle de M. le comte dc Moltke lorsqu’il s’cxprimc ainsi:

« La guerre est un ćlćment de Tordre du mondc ótabli.par « Dieu. Les plus nobles vertus de Thomme s’y dćvcloppent : le « courage et le renonccment, la fidólitć au devoir et Tcsprit de « sacrifice; le soldat donnę sa vic. Sans la guerre, le monde crou-« pirait et se perdrait dans le matćrialisme. »

Quand M. le comte de Moltke parlc dc strategie, on ne saurait que s’incliner devant Tautoritó dc 1’une des grandes illuslrations militaires de notre ćpoque. Mais la guerre n’esl pas seulement pour lui Tarł dans Iequcl il excelle, elleest de plus une doctrine.

II n’v a qtic dcux puissances en ce mondc : cclle du droit et celle de la force. La Prusse a produit deux philosophes celebres, I’un, Kant, proclame, dans Tordre rationnel et providentiel, !a prirnaute du droit au respect duquel la force doit sen ir de garantie matórielle; Tautre. Hegel, intenertit les róles du droit et de la force, ou plutót il fait de la force Tincamation du droit en procla-mant celui du plus fort, et dans son idolatric de la guerre, il va jusqu’a la deification du sucrós. On voit que la doctrine de M. le comte de Moitke s’eloignc singulieremcnt de celle de Kant pour se rapprocher beaucoup dc celle d’Hegel.

M. de Moltke, dans sa glorificalion de la guerre, parle des vertus militaires. Jc ne conrois pas de carriere plus honorable et



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