convention, constitue le contenu de ce nouveau genre litteraire que les ecrivans ont cree dans la societe individualiste et qu’on a appele »roman«.35
A partir de cette analyse, Lukacs elabore une typologie du roman. Partant de la relation de Thomme et du monde, il distingue trois for-mes fondamentales du roman Occidental au 19eme siecle auxquelles s'ajoute une quatri£me possibilite qui s’exprime a partir de 1920 avant tout dans les romans de Tolstoi’ -
a) Le roman de 1’idealisme abstrait caracterise par l’activite du heros est par sa conscience toujours etroite par rapport a la complc-xite du monde (Don Quichotte, Le Rouge et le Noir).
b) Le roman psychologique caracterise par la passivite du heros et sa conscience trop large pour se satisfaire de ce monde (Oblomoy. LEducation sentimentale).
c) Le roman educatif s’achevant par une auto-limitation du heros (Wilhelm Meister).
Dans la perspective lukacsienne le roman sera toujours 1’histoire d'une rechcrche degradee de valeurs authentiques dans un monde in-authentique, le conflit que Hcgel reconnaissait comme celui de la poesie du coeur et de la prose du monde. Aussi le probleme central du roman sera-t-il d’exprimer sous une formę ethique ce qui dans la conscience du romancier est abstrait, d’en faire 1’ćlćment essentiel d’unc ceuvre ou cette realite ne peut exister que sur le modę d’unc absence non thematisee. Mais il reste a comprendre le rapport qui unit le contenu du roman, sa formę et le milieu social qui l’exprime. Comme il n’est plus possible de voir en lui la simple expression d’une categorie sociale determinee, Goldmann propose une autre hypothese:
»La formę romanesque nous parait etre en effet la transposi-tion sur le plan litteraire de la vie quotidienne dans la societe individualiste nee de la production pour le marche. II cxiste une homologie rigoureuse entre la formę litteraire du roman, telle que nous venons de la definir a la suitę de Lukacs (.. .), et la relation quotidienne des hommes avec les biens en generał, et par extension, des hommes avec les autres hommes, dans une societe productrice pour le marche.«36
La formę extremement complexe que represente le roman et celle du monde dans lequel vivent les hommes aujourd’hui lorsqu’ils doi-vent »rechercher toute qualite«, toute valeur d’usage sur un modę de-grade par la mediation de la quantite, de la valeur d’ćchange, et cela dans une societe ou tout effort pour s’orienter direclemenl vers la valeur d’usage ne saurait engendrer que des individus eux aussi de-grades, mais sur un modę different, celui de l’individu problemati-que.«*7
La sociologie du roman s’6cartera de toute autre sociologie de la litterature - marxiste ou non - par une sćrie d’affirmations fondamentales:
** Ibidem p. 24, 25. 11 Ibidem p. 36.
91 Ibidem p. 39.
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