1’esprit revolutionnaire, 1’augmentation du niveau de vie, Pintegration massive du proletariat au syst£me capitaliste dont il perpćtue les va-leurs et les intćrets.
- si Goldmann accepte de nombreuses analyses de Marcuse - qu’il s’agisse de: »Soviet Marxisme« ou de »One dimensional Man«, il re-proche aux thćoriciens de 1’Ecole de Francfort d’avoir developpe une theorie critique et negative d’une extreme rigueur et sans doute fon-damentale mais coupee de toute rćalite politique, une theorie pessi-miste qui ne tient pas compte des failles reelles des societes contem-poraines, Marcuse, aux yeux de Goldmann, nest qu’un proph£te de l’a-pocalvpse et son pessimisme radical tient lieu de theorie constructive.
- il reconnait la valeur de toutes les formes de contestations, du gauchisme qu’il soit trotskyste ou maoiste, de toutes les formes d’oppo-sitions qui surgissent au sein des societes industrielles avancćes, mais il ne consid^re pas ces oppositions comme une force politique capahles d’ebranler le systeme capitaliste et de rompre la passivite du proletariat. Mais Goldmann a toujours defendu - et il est bon de le rappeler - la contestation. Nous n’en donnerons qu’un seul exemple, cette re-marquable phrase extraite de l’une de ses derni£res interventions au congres de Koręula dont le th£me etait Pouvoir et Humanisme: »il a suffit de deux jours d’occupation de la Sorbonne pour que nous com-prenions tous que, dans un moment de revolte populaire, une affiche collee sur un mur signifiait simplement qu’un homme avait quelque chose a dire et qu’il s’adressait a tous les passants. Le mur comme moyen d’expression a la place du livre et du journal etait difficile-ment concevable pour les gens de 40 ans; il etait tout naturel pour les filles et les garęons de 20. La Chine est proche, et les jeunes qui le sa-vent et le vivent ont raison contrę 1’erudition de tous les sinologues et geographes de la generation precedentes«.113 Pour cette simple phrase, Goldmann meritera 1’estime et 1’admiration de tous les etudiants a venir qui n’auront connu ni sa chaleur ni son honnetete fondamentale.
- il refuse categoriquement de reconnaltre la moindre valeur aux theories »positives« (surtout par leur mediocrite) de 1’ideologie bour-geoise) et refuse tout rapprochement theorique avec Raymond Aron -le plus honnete et le moins dangereux des ideologues bourgeois -comme avec le courant structuralo-linguistico-epistemologico-althus-serien - qu’il consid^re, on s’en doute, comme une revision du mar-xisme et surement pas comme son approfondissement.
Si un depassement du capitalisme est possible a partir de 1’auto-gestion - th&se fondamentale de Goldmann qu’il nous est malheureu-sement impossible de discuter ici dans une aussi br£ve etude - c’est parce que de nombreux indices rendent les failles sociales de plus en plus evidentes.
- le niveau de vie ne pourra s’elever eternellement. On doit par-venir a un niveau de saturation de la consommation imbecile: >>une seconde voiture a moins d’importance que la premierę, une troisiemc beaucoup moins que la seconde. La diffćrence entre la possession d’un ou de deux costumes est enorme, elle diminue considćrablement entre six et sept,...«
n» M. S. p. 317.
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