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contenu se repand, les gardes se precipitent et se font assommer. Le chariot bloque la herse, les troupes ennemies cachees a proximite se precipitent et la ville tombe.
La nouvelle de la chute d'Amiens par Went au milieu des festivites de la cour, le soir mlme, C'est la stupeur. Le roi decide immediatement de mettre tout en oeuvre pour reprendre la ville car ii a conscience du desastre et de la menace directe qui pese sur Paris. II charge Sully de trouver les fonds necessaires et envoie aussitflt sur place celui qui a la reputation d'fitre le plus grand capitaine de son siecle, le Marechal de Biron, en le secondant par un autre militaire illustre entre tous, le Duc de Mayenne. 3.000 hommes d'abord, puis 25.000 investissent la ville. C'est a un ingenieur militaire connu, auteur d'un ouvrage repute, La geometrie et la practique generale <flcelle (paru en 1594) que seront confies les travaux de siege : Errard de Bar-le-Duc ; il deviendra ainsi celebre. Malgre les series de coups de main des assieges, une solide ligne de circonvallation est etablie pour defendre les troupes franęaises d'une attaque exterieure eventuelle. Plus pres de Ja ville, une ligne de contrevallation, continue egalement, protege, elle, des sorties que pourraient tenter les soldats de Porto Carrero. Toute 1'armee travaille a ces terrassements considerables, aidee par de nombreux "pionniers" requis dans les villages des alentours. La ligne de circonvallation commence a Longpre et s'etend jusqu'aux carrieres de Rivery. Les fosses sont tres profonds et les "parapets fort eieves,,. Cette longue ligne est flanquee de ”sept forts pentagones” et de "quantite de redoutes1', mais elle nfenserre que le cóte Nord de la vilie, face a la menace des Pays Bas espagnols ; le Sud reste sans protection.
La ligne de contrevallation est evidemment moins etendue. Elle se raccorde vers le chemin d'Arras a celle de la circonvallation ou fut constrult le "fort du precipice”. Dans le milieu, on edifie le Hfort de NavarreM et, plus loin, a l*interieur du camp retranche, entre les deux lignes, pres du moulin ruinę, on en installe un autre, plus petit, que l*on nomme le nfort de Champagne11. Sur chacun, on met trois canons. Enfin, on słassure du passage du fleuve par deux ponts de cinq bateaux defendus par des demi-lunes avec egalement trois canons sur chacune. Henri IV s’etablit le 3 juin a la ferme de la Madeleine avec son etat-major. Quant au Marechal de Biron, il se fixe, lui, pres du chemin d'Arras dans un fort ”rev€tu de terre et de gabions". Le Duc de Mayenne, le Duc d^pernon et le Prince de 3oinville s^nstallent dans leurs forts respectifs dont la f,perfection,f, nous dit un contemporain, Damiens de Gomicourt, "tenait d*autant plus a coeur que de la dependait lłouverture des tranchees” pour l*attaque de la place. Pour epargner les troupes, Biron leur ordonne de ,łquitter la tente pour se baraquerM : le siege devait durer 6 mois et 20 jours.
Ii ne saurait £tre question d’entrer ici dans le detail des nombreuses peripeties des combats qui tiennent en haleine toute lłEurope. Disons seulement qu'eiles furent nombreuses et tres meurtrieres s coups de mains des troupes ennemies venant de Doullens qui reussissent a introduire des renforts, sorties vigoureuses des assieges, tentatives de reprendre la ville par la ruse, conjurations avortees de quelques bourgeois amienois, echecs d*une serie de vigoureux assauts, mort du gouverneur espagnol Porto Carrero Marquebuse" sur les remparts alors qu*ii dirigeait le combat. Le successeur de ce dernier voit enfin arriver 1'armee de