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en particulier par la "route nouvelle", tracee dans la premiere moitie du XIXe siecle pour relier directement Montbrison au Bourg d'Essertines et a Roche, sur le m£me versant mais beaucoup plus haut qu'Essertines et son chSteau. Alors que les moulins dłEssertines-Basses periclitent et meurent, celui de la Guillanche, un peu plus bas sur le cours du Vizezy, proche de la route, est encore actif en ce dernier quart du XXe siecle ; mieux desservis, ceux d*Essertines-Basses auraient pu survivre.
Accroche au pied de son chSteau, voue a son service, 1'habitat qui słest groupe sur cette pente abrupte des Monts du Forez n’a jamais eu pour yocation principale l'exploitation d’un terroir agricole par rapport auquel il est mai situe. Avec 1'abandon de la forteresse a l*extr$me fin du Moyen-Age, il perd sa raison d'Stre. Mais les bitiments demeurent 5 construits en pierre, couverts de tuiles, ils resistent a une deterioration rapide et peuvent heberger encore pendant plusieurs decennies tout un petit peuple d'artisans ou de paysans pauvres. Nulle tracę de destruction violente sur le site du village ; il ne semble pas que des episodes guerriers soient intervenus pour determiner ou accelerer le processus d'abandon.
L*emprise feodale n'a finalement guere marque 1’habitat dans ce secteur des Monts du Forez, pas en tout cas d'une maniere decisive, qui 1’aurait amene a se fixer definitivement autour du chSteau. Le principal seigneur s'est eloigne du castrum, peu de temps sans doute apres avoir reęu le yillage en heritage et s’est edifie une maison-forte isolee au milieu de ses terres demeurees allodiaies, au Chevalard. Les exploitants agricoles sont disperses sur les plateaux environnants, soit dans des hameaux de petites dimensions, soit dans des fermes isolees. A peine remarque-t-on une concentration un peu plus forte autour des eglises paroissiales (Le Bourg d'Essertines, Roche). Le schema du peuplement que per met d*ebaucher pour cette region le terrier du Chevalard au XVe siecle n'a pas ete durablement perturbe par 1’implantation des ch8teaux d'Essertines et de Chatelneuf. Une fois ceux-ci disparus, les petites agglomerations auxquelles ils avaient donnę naissance periclitent et s*eteignent progressivement . La lenteur du processus a permis, a Essertines, d'observer sur plusieurs siecles les modes de construction, dfamenagement et d'occupation des edifices, d*entrevoir nombre dłaspects de la culture materielle rurale et de son evolution. Eu egard au caractere exceptionnel de ce village, il ne faudrait pas generaliser les observations faites sur ce site en declin a 1'ensemble des habitats ruraux de la region des Monts du Forez. II ne nous apprend rien, en effet, sur les maisons, granges, bStiments d'exp!oitation, etables, bergeries des paysans aises qui exploitent les terres les plus rentables sur le plateau.
Franęoise PIPONNIER, Maitre de conferences, Groupe d*Archeolgie Medievale, Centre de Recherches Historiques.
EHESS,