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La seconde moitie du Xllle siecle a ete marquee a Manosque par les negociations entourant la juridiction entre habitants et seigneurs. Au toumant du siecle, les premiers resultats de cette organisation judiciaire se decelent dans la misę en place des principaux elements de la procedurę inquisitoire. Le pouvoir seigneurial interwent de plus en plus dans les activites quotidiennes de Ja population et cree d’importants remous. Les accusations pour coups et injures impliquent parfois des officiers de la cour, tantót victimes, tantót fauteurs. Guillaume d’Avignon est arrete de nuit a 1’entree de la porte d’en-haut par des agents de surveillance, il ne porte pas de lanteme et il y a echange de coups.56 Bertrand Escarpit et d’autres agents interceptent Guillaume Carbonnel et son frere Hugues59 qui portent des armes sur eux malgre 1'interdiction seigneuriale. Guillaume refuse de remettre son arme et cherche la bagarre. La mauvaise reputation de certains sergents n'est pas propre a Manosque. Parlant de la region d'Avignon au XIVe siócle, Jacques Chiffoleau souligne que: “[cj'est a travers le petit personnel des sergents, des clavaires, des viguiers que la justice est quotidiennement contestee, attaquee. Ił est vrai que ces subaltemes savent se rendre odieux. Les sergents, [...], abusent sans cesse de leur force brutale, se laissent acheter”.60
A Manosque, au debut du XIVe siecle des accusations d'offense au tribunal apparaissent dans les registres. Le juge Guillaume Fulco est implique dans plusieurs affaires d’injures. En 1301, lors d’un entretien en cour avec le prevenu Gardinus Felicii, ce dernier Taurait insufte.61 II est de nouveau la cibfe des propos injurieux dłun autre Manosquin qui, cette fois, słen prend aussi au ba ile.62 On pourrait etre tente d^attribuer au juge Fulco un certain discredit aupres de la population de Manosque, quoi qu’il en soit, en aout de la meme annee, c’est au
5856H 957, f. 5, ?-?-[1300].
59Hugues est lui-meme connu comme agent de la cour en 1286. Voir suprax p. 70, notes 46 et 47.
^Jacąues Chiffoleau, Les Justices du Papę, p. 80.
51 On ne saisit pas bien la teneur des propos. 56H 958, f. 15v., ?-?-[1301].
6256H 958, f. 44v., ?-?-[1301J.