19 LES RfiFORMES DUSAAC COMNENE 53
gnage de la pensśe politiąue byzantine du XIe siecle — tend a dómon-trer que toute violation du principe ci-dessus śnoncś m6ne aux crimes politiques les plus graves : la tyrannie, c’est-&-dire 1’usurpation du pouvoir impśrial, le crime de lese-majestó, l’assasinat politiąue64. Ainsi que le montre le rśquisitoire, ces crimes devaient etre jugśs d’autant plus graves que, pour les accomplir, le patriarchę ótait capable de s’appuyer sur 1’ólśment populaire et, par ce moyen, de dominer les ćvśnements au point de se considśrer lui-meme empereur : «II s’śtait mis ^ distribuer les charges : l’un śtait mis a la tete du peuple; un autre concentrait tous les pouvoirs maritimes, un autre les forces terrestres; il s’attribuait & lui-meme le pouvoir dans sa plśnitude. II ne lui manquait plus que de se faire nommer empereur »6S. La rćpćtition possible de telles circonstances obligea probablement Isaac Comn^ne & imprimer un caractere anti-patriarcal & sa politique 66. Au fond, tout provenait du heurt violent de deux thśories politiques : celle de la monarchie absolue militaire, reprś-sentóe par Isaac Comnene, et celle de la monarchie absolue thśocratique, reprśsentće par Michel Ceroullarios 67.
Rien, en effet, en dehors de cette mesure, ne permet de tirer une conclusion dans le sens d’une position favorable du basileus & 1’śgard de 1’Eglise. Une teUe position ne ressort ni de la confiseation massive des propriśtśs fonci^res des monasteres, ni du conflit entre 1’empereur et le patriarchę dont elle fut le prśtexte. Ce point de vue est confirme par 1’insistance avec laquelle toutes les sources font la description dśtaillśe du conflit68. Nous ne reprendrons pas la discussion sur cette question, qui a fait l’objet d’une ample analyse dans la littśrature tant ancienne que plus rćcente 69. Nous devons ajouter, cependant, que d’autres mesures du basileus sugg^rent ógalement ses sentiments dśfavorables pour les privil6ges de 1’Eglise et du haut clergć. Ainsi, Isaac Comnene rśglemente strictement, par un chrysobulle spścial, les droits en esp^ees
44 L Brćhier, op. cit, XVII, p. 35 . «^7tel Ss xal nrupawESoę, eIt’ ouv yaOoaicicecję, t6v <Sv8pa SLO)XOfi,ev»; idem, Le schisme..., pp. 294 — 296.
•5 L. Brćhier, Un discours inidit..., XVII, pp. 41 — 42, la traduction du mćme auteur dans Lt schisme —, p. 262
•• L. Brćhier, Le schisme, pp. 281, 285.
•7 Toute la condamnation de la thćorie et de la pratiąue politiąues de Michel Ceroullarios est synthćtisće dans le terme de [XL(JopaaiXeuę, conformćment au commentaire de L. Brćhier, op. cit, pp. 273 — 276.
•ł Pseilos, II, p. 125; Attaleiates, p. 62; Skylitzes Cont., p. 643 — 644; Zonaras, pp. 668 —669 ; Glykas, p. 601.
«• Voir & ce sujet A. F. Gfrorer, III, p. 625; G. Schlumberger, Ułpopie byzantine.. , III, pp. 762—764; L. Brćhier, op cit, p. 269 — 304; H. Gelzer, Das Verhaltnis von Staat und Kirche in Byzanz, dans Ausgewahlte kleine Schnften, Leipzig, 1907, pp 139 — 141 ; A. Michel, Humbert und Kerulanos, II, Paderborn, 1930, pp. V —VII, 22 — 40, J. B. Bury, op. cit, p 214, qui analyse les implications, ąuant & la situation intćrieure, du conflit entre le Papę et le Patriarchę qui a abouti au schisme de 1054.