9 LES RELAT10NS DE LA MOLDO-YALACHIE AVEC L'EMPIRE OTTOMAN 205
pourvu de la signification politiąue antśrieure. Ceci nous fournit la deu-xieme preuve, notamment, que, dans la rśdaction et 1’usage des textes en langue turco-ottomane des sceaux princiers de Valachie et de Moldavie, il ne s’agissait que de souverainetó, de la lutte pour la souverainetó et non pas d’autre chose.
Ainsi, de la dśsintśgration fśodale, entrainant 1’ascension de la prś-bourgeoisie, il rśsulte que cette classe sociale, luttant pour la satis-faetion toujours plus large et plus librę de ses propres intórets, luttait en meme temps pour 1’essor matóriel de 1’Etat bourgeois en formation, pour rehausser le prestige de cet Etat a 1’intśrieur comme a l’extśrieur, condition prśalable pour conquśrir 1’indśpendance et la souverainetś. Dans ce but, il fallait tout d’abord modifier les rapports de cet Etat avec 1’Empire Ottoman, donc de substituer aux rapports de soumission des rapports d’ógalitś. La simplification de la formule du texte sigillaire, apres la paix d’Andrinople, prouve aussi la lutte dśployće pour gagner, par voie pacifique, la souverainetś et 1’indśpendanee des deux pays. Cette lutte, il est śvident, a amenó certains rćsultats valables ; toutefois, par sa simple formę pacifique, elle n’y pouvait aboutir pleinement.
Pour la documentation, nous reproduisons la traduction du texte des sceaux princiers en langue turco-ottomane dója publiśs ou en cours de publication. Le plus ancien appartient a Yasile Łupu, prince de Moldavie (1634—1643) et contient le suivant distique: muhtbb-1-khanedan-I-al osman/lupul vorvoDAYl-SERHADD-f-bogdan (L’ami des sultans de la dynastie d’Osman, Łupu Yoivode du serhat de Moldavie).
Nous ne lui connaissons pas d’autres caractóristiques.
L’existence et le texte en langue turco-ottomane de ce sceau sont consignśs par le voyageur Evlyia Celebi. Celui-ci, en effet, affirme qu’en passant par Jassy en 1659, on lui avait communiquś que Vasile Łupu, lorsqu’il śtait encore prince de Moldayie, avait enyoyś a Cara Moustapha pacha une lettre scellśe du sceau reproduit plus haut, lui faisant connaitre qu’il voulait passer a 1’islamisme, en prósence meme du sułtan Mourat. Cette nouvelle n’est confirmśe par aucune autre source et parait etre une explication ćtiologique de l’existence du sceau a texte en langue turco-ottomane.
Un autre sceau octogonal, appartenant au voivode Gheorghe Ghica, prince de Moldayie (1658—1659) contient letexte : -f-bende-1-cesaran-i-al-osman iorGhi ghika voivoda-1-bogdan-1069 < +Serviteur (bende) des sultans de la dynastie d’Osman, Gheorghe Ghica, voivode de Moldayie - 1069 (1658)>.
De meme, en Moldayie, nous trouyons un sceau beaucoup plus tardif, de Constantin Moruzi Voivode, qui porte la devise: sAbitim: payi hulOsile hemin/hayr ola AkIbeti kostantin < Et ainsi, avec la f ermetś de la sincśritś/qu’elle soit bonne la fin de Constantin >.