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fumees semblent aux riverains "contraires au corps humain et par icelles pourraient £tre engendrees grandes maladies”^. C'est que si les tanneries et abattoirs sont des professions a odeurs offensantes, le metier de potier ne degage pas que des fumees malodorantes mais aussi des emanations jugees, a juste titre, dangereuses. En effet, le plomb, sous formę de minium, est aujourdliui transforme par frittage en pSte de verre inoffensive. Ce n'etait pas le cas. Le minium est dangereux. Plateaire l'explique ainsi : ”... sachies que ceulx qui font la ceruse (de plomb) souvent encourent apoplexie, epilepsie, paralisie et arthecique pour la froideur du vin aigre dissolvant et mortifiant”^ - vin aigre qui sert a reduire le plomb en Doudre. Les riverains en sont conscients, a Paris au XIVe siecle, qui contraignent par voie de justice les potiers a aller cuire leurs pots ”en autres lieux detoumes"10 a cause des vapeurs deleteres des glaęures plombiferes r les ”grandes fumees et vapeurs puantes et infectees" le sont "a Toccasion des matieres qui estoient corrompues et aussi du plomb souffre et limaille, verre et autres materiaux que Fon mettait dedans lesdits ouvrages...” (de terre). Le danger d'intoxication satumienne a sans doute oblige les potiers, m£me en miiieu rural, a isoler leurs ateliers du reste du village. A Dixmont, au Moyen-Age, 1'atelier est b£ti a 1'ecart du village et face aux vents dominants, pour eviter les risques dUncendie11 mais sans doute aussi pour 1'isoler olfactivement. A la fin du XIXe siecle, a Saint-George de Baroille, en Forez, 1'acces des ateliers etait interdit aux enfants "a cause des coliques du plomb” 12 car les methodes de glaęurage nty avaient que peu evolue du XlIIe au XIXe siecle, c*est-a-dire jusqu'a la fin de 1'artisanat ceramique dans la region.
Sans doute les ateliers urbains etaient-ils bien differents des ateliers ruraux, ne serait-ce que sur le plan des productions. En Forez, la situation est panachee s un atelier rural a proximite d'une "metropole” regionale, centre de marches bi-hebdomadaires important dans une contree ou les foires ne sont pas parvenues a s*implanter. La proximite de la "grandę" ville et de la for€t en m£me temps facilitait a la fois les conditions de fabrication et de commercialisation des ceramiques. Les potiers pouvaient aussi a moins dłefforts cumuier une activite agricole et un artisanat d'appoint. MSme dans les villages specialises surtout connus pour la Saintonge, 1'artisanat ceramique reste, dans une certaine mesure, un travail d*appoint^, peut-£tre parce que saisonnier : la production potiere s'arr$te en hiver. Le bois est reserve au chauffage des demeures et 1'argile gele, ce qui est necessaire a la preparation de la pSte, mais interdit son utiłisation immediate. "Celle terre”, dit Barthelemy PAnglais, au chapitre De 1'argile, "se convertit aucune fois en pierre par grant froidure qui engele la moisteur de celle terre ou par chaleur qui en seche toute humeur, sicomme dit Ar istotę et son commentateur"^. L'ete, la vie rurale se concentre plutót sur les moissons et le temps disponible pour 1'artisanat etait par consequent limite. En Touraine, de decembre a fevrier, les potiers reparaient leurs fours et prep>araient leur materiel. Par temps humide, a moins d*y consacrer en quantite un bois de chauffage parfois coOteux, le sechage des ceramiques n'est plus possible. S'y livrait-on quand m$me ? On manque de donnees archeologiques sur les ateliers. Mais, lorsqu'en miiieu urbain, tcheque tout au moins, les bStiments adventices ont