LA SOLUTION 185
fait au bien commun, et par la ce sera une ceuvre de justice (2* 2**, 33, 1). Tout ceci est a entendre de la correction fratemelle
consideree materiellement, sans tenir compte de Tintention actuelle de tel acte de correction en particulier; elle laisse alors vraiment librę carriere a deux vertus differentes, elle revet deux aspects ou Ton retrouve Tobjet formel de deux vertus, exactement comme 1’acte du soldat qui defend la forteresse de son roi (q. 104, 1, ad I).
Transportons cette doctrine a Tacte d’aumóne corporelle, celle d’un bien exterieur. N’est-ce pas ainsi que le conęoit le saint Docteur? Pourquoi, en effet, repete-t-il toujours sa division bi-partite: ex parte dantis, ex parte accipientis, sinon parce qu’il voit dans 1’aiimóne deux aspects a ne pas oublier; un premier, la naturę du don lui-meme; un second, la personne ind i genie qui le reęoit 7 Par le premier, il se rattache a la justice, puisque c’est le bien a donner, le superflu qu’atteint directement la justice l6gale; par le second, il releve de la charite, puisque c’est Tindigence du destinataire que Ton veut soulager. (Nous disons charite une fois pour toutes, car c’est sous son influence directe et toute speciale que s’exerce la misericorde, qui est proprement la vertu elicitive de 1’acte1).
Quel est, en effet, Tobjet formel de chacune de ces vertus ? La charite enyisage le bien du prochain; elle est complaisance amou-reuse et bienveillance de la yolonte en face de son objet; elle voit le bien du prochain dans Tamom qu’elle porte a Dieu, son objet premier et principal; mais youloir le bien implique faire le bien, et voila Taumone, la misę a execution de Tacte interieur de dilec-tion; c’est pourquoi saint Thomas a pu ecrire: quaecumque Dero fiunt propter dilectionem proximi, reducuntur ad eleemosynam (1»
Voir p. J14.