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La dśfense śtait-elle donc vue par la population comme une occasion de faire śclater la verite? L'enjeu de la poursulte compte bien entendu pour beaucoup dans ia dścision de Tinculpe de se defendre ou non. Mais qu'il soit facile de confondre 1’accusation ou qu’il s’agisse d‘une attaque trop grave pour ne pas tenter une ripostę, ia foi en Tefficacite de sa dśfense repose avant tout sur ia croyance en hmpartialite de la cour. On f'a vu avec les piaintes et Jes dśnonciations portśes a la cour de 1’Hopital, celJe-ci para?! benefider de la confiance des Manosquins. Se defendre devant la cour seigneuriale devait en thśorie, et probablement dans 1’esprit de ceux qui se prśtaient a rexercice, permettre que justice soit faite.
La dśfense est definie comme un droit: 1’accuse a droit a une dśfense. C’est un droit qui, par contrę, implique des devoirs pour ia population med/śvale. On doit parfois se defendre en justice non pas uniquement pour soi, mais plutót pour les siens, pour la reputation de son groupe. Cette obligation sociale, morale, que souleve alors la dśfense en justice cadre avec les mentalites medievales. La defense en justice pourrait donc representer pour la population a la fois un droit individuel et un devoir social.
4. Pour une meilłeure dśfense
En 1300, les registres de Manosque łivrent une nouvelle indication relative ś la prśparation de la defense. En plus du delai hab/tuel de dix jours accorde par la cour, le greffier indique que !'accuse demande que lui soit remise une copie du proces-verbal. Cette brśve demande pourrait signaler la presence d’un juriste, en Toccurence d’un avocat, souhaitant etre mieux outille afin de preparer la defense puisque (a grandę majoritś de la population est illettree. Cette requete ne semble pas s'accompagner d’une formulation juridique particuliśre. Par exemple, on indique simplement aconcedens ei copiam”. L'usage du verbe ceder a semble-t-il ici une valeur qualitative intśressante, la copie de Tacte est cedśe a 1’accuse.