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128 R.A.C.F. 23, I. 1984.

Aussi est-on allćche par le titre d’un recent article de la Revue Archćologique de i Est (DAUBIGNEY 1983) : 1'auteur reussira-t-il a reconstitucr le boiscmcnt, et - partant - lc peuplement de cette commune du Finage jurassien a partir de 1’archeologie et de la microtoponymie ? S’il subsiste encore un domaine ou la toponymie peut etre d’un secours quelconque a 1’histoire du peuplement, c’est bien en effet dans les recherches concernant les licux-dits caractćrisant certains types d occupation du sol (boisement, bocage, culture...), quand ils peuvent etre dates. Helas ! Le corpus toponymiquc (trćs honnetemcnt donnę in extenso, p. 236-241, 230 n<») permet de mesurer le gouffre existant entre ce qui a ete retenu par 1’auteur et cc qui peut raisonnablement etre considerć comme topo-nyme reellement forestier : une douzaine au maximum.... En effet, notamment, il est clair - et bien connu - que des toponymes tels que « 1’ormeau » indiquent l’exception, comme marqueur topographique, et non la regle ; la part de 1’anthroponymie (« le pre marot est negligee bien que reconnue (n. 15, p. 225) ; les formations que l’auteur fait remonter a un « etymon » gaulois sont pour la plupart fort conjecturales, et l’on voit mai enfin en quoi les noms de lieux tels que « les maisons brulees » ou « le puits creve » sont des toponymes forestiers caracteris-tiques. Ces donnees microtoponymiques sont assez artificiellement plaquees ś celles archćologiques : une cartogra-phie sans doute assez complete des sites reperes dans un terroir que 1’auteur connait certainement fort bien, mais malheureusement adjointe a une reconstitution d’une hypothćtique cadastration (Fig. 6 pour la periode gallo-romaine) : j’ai dit par ailleurs (cf. cette chronique) tout le scepticisme que m’inspirent ces restitutions parcellaires, et la cadastration du Finage ne me parait en rien definitivement dćmontree (JEANNIN et CHOUOUER 1978), quelle que soit 1’ardeur des chercheurs sur ce terroir, et la sophistication de 1’appareillage technique mis en ceuvre. Le lecteur sort particulićrement frustrć de cet article qui, promettant beaucoup, apporte, apres inventaire, fort peu...

II est ccrtes important d’orienter 1’etude des terroirs vers notamment l’examen de la microtoponymie et non plus seulement de la toponymie - 1’auteur a raison de le souligner - et il est certainement benefique d’en assurer le trai-tement par l’informatique. Mais la modę de cette derniere, ou celle de l’« archćologie du paysage », ne doit pas dispenser de la plus grandę rigueur et de la plus severe critique vis-a-vis des donnćes de base, sous peine de decon-sidćrer l’une et 1’autre. Et la « micro-histoire » ne doit pas faire oublier 1’Histoire : les acquis generaux tradition-nels (clemence du climat latenien par exemple) ne se plaquent pas sans contróle sur une realite locale prćcise. Un bilan negatif et c’est dommage, car 1’intention etait meritoire...

(Je remercie Elisabeth ZADORA-RIO de ses suggestions pour la redaction de cette notę).

-o-O-o-

CADASTRES ET ESPACE RURAL. - C’est sous ce titre que l’ćquipe de M. CLAVEL-LEVEQUE (1983 a) publie les Actes de la Table Ronde tenue a Besanęon en 1980.

Autant dire tout de suitę - on s’en doute - que les developpements sur l’existence de cadastres centuries en Gaule du nord, quel que soit Icur apparcil tcchniquc, n’cmportcnt toujours pas mon adhesion ; mais il est inutile de repć-ter 1’argumentation critique que j’oppose a ses hypotheses, largement developpee dans ma contribution (p. 159-183) que les editeurs ont eu la generosite et 1’honnetete scientifique d’accepter de publier. II est vrai que les deve-loppements ecrits n’ont pas le caractere par trop schematique et outre que peuvent avoir les prises de positions pre-sentćes oralement.

Mais pourquoi ne pas admettre que si P« ordre romain » - c’est indubitable - a du rćaliser, pour asseoir la base fonciere de 1’impót, un enregistrement systematique de la propriete du sol (cadastre ; cf. dćfinition claire de F. FAVORY, p. 52), celui-ci a pu se faire tout simplement sur le fond parcellaire pre-existant, en grandę partie indi-gene ? Ceci me parait plus conforme a 1’esprit du « colonialisme » romain.

Ceci dit - le dćbat reste donc ouvert - ce volume presente un etat tout a fait remarquable, par sa qualite et son actualite, de la question : les etudes sur 1’occupation du sol, 1’organisation de 1’espace rural en Gaule, enlisees dans la tradition (fouilles partielles de villas, toponymie, prospections aćriennes...), avaient besoin d’etre ainsi rafrai-chies. Apres le volume de 1980 (CHOUQUER et FAVORY) et avec le petit manuel rćcent de M. CLAVEL-LEVEOUE (et al. 1983 b) - sur lequel nous reviendrons - (cf. aussi CHOUOUER et al. 1982), l’on connait mieux les recherches du « Groupe de Besanęon », et l’on dispose de mises au point a jour, notamment sur ces questions de cadastres et de centuriation.

La contribution de F. FAVORY (p. 51-135) constitue une introduction methodologique remarquable, par sa pre-cision et son erudition. Je suis moins convaincu de la tentative de rationaliser les dćgradations du parcellaire de G. CHOUOUER (p. 137-157). II me semble que les mutations medićvales sont sous-estimees et que malgrć tout, pour la Gaule du nord, les dćmonstrations partent de 1’hypothese a priori de l’existence de cadastres centuries, alors que rien n’est definitivement probant, notamment dans la plaine de Saóne.

Aussi les ćtudes presentees par la suitę sont-elles de mon point de vue d’inćgale portee : si la « relecture » des cadastres d’Orange (G. CHOUOUER, p. 275-295) est bien sur tres suggestive, je reste tres reserve quant a la valeur demonstrative des recherches de terrain, y compris en Italie (VALLAT, p. 187-198), et meme en Biterrois ou Nimois, terres eventuellement « coloniales » (M. CLAVEL-LEVEQUE, p. 207-258 et J.L. FICHES et J. SOYER, p. 259-274), et surtout en Espagne (J.G. GORGES, p. 199-206), quelque brillants que soient certains dćveloppements....



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