Discours d’ouverture prononce par le professeur Dr Henry Fayre, rectcur de l’Ecole polytechnique federale, Zurich
Monsieur le President de la Confederation,
Mesdames, Messieurs,
La Societe internationale de mecanique des sols et des tra-vaux de fondations ayant dćcide, il y a quelques annćes, d’orga-niser en Suisse son troisieme congres, ce n’est pas sans raison quc les villes de Zurich et de Lausanne ont ete choisies comme siegc de cette manifestation. Dans ces deux villes existent en effet, depuis un siecle, les deux seules ecoles techniques de degre universitaire de notre pays: 1’Ecole polytechnique federale, a Zurich, et 1’Ecole polytechnique de l’Universite de Lausanne, et c’est principalement dans leur cadre que le Comite d’organisation du Congres a pu se former et trouver un tenain favorable a ses travaux. Les deux etablissements en question possedent d’ailleurs, depuis une vingtaine d’annees, d’impor-tants laboratoires de mecanique des sols dont les recherches contribuent a ravancement de cette science et rendent d’utiles services k 1’industrie.
Au nom des ecoles polytechniques de Zurich et de Lausanne, je me fais un plaisir de souhaiter la plus cordiale bienvenue aux mcmbres de ce Congres. Je ticns egalement a leur dire combien ces deux ecoles sont scnsibles a la pcnsćc d’avoir pu collaborer a 1’organisation d’une manifestation aussi importante. Les congres internationaux ne sont-ils pas, a 1’heure actuelle, parmi les organes qui favorisent le plus les contacts entre les savants des diverses parties du monde, et qui leur permettent souvent, en echangeant leurs idees, de mettre au point bien des problemes a la solution desquels ils travaillent sans relache?
Des la creation de la science moderne, on distingue ce desir intense, chez la plupart des chercheurs, de ne pas travailler isolement, mais de mettre en commun leurs idees et les resul-tats de leurs experiences. Ils s’efforcent d’abord de s’associer, soit dans le cadre d’unc region, soit dans celui d’un pays. Ainsi se crćent successivement les Acadćmies de Naplcs (1560) et de Romę (1603), la Societe Royale de Londre (1662), l’Academie des Sciences de Paris (1666), celle de Saint-Petersbourg (1725) et celle de Berlin (1770). C’est ce qu’on pourrait appeler la premiśre etape de 1’organisation des echanges d’idees dans les Sciences.
Une seconde etape est realisee - si je me borne aux Sciences cultivees par les ingenieurs - par 1’eclosion des grandes ecoles scientifiques et techniques. ELle debute par la creation de 1’Ecole des Ponts et Chaussees a Paris (1747), suivie, plus tard, par celle de TEcole Polytechnique (1794). D’autres suivent a une cadence qui devient de plus en plus rapide. Ainsi, au milieu du XIXe siecle, il se cree en moyenne par annee plus d’une nou-velle ecole d’ingćnieurs dans le monde. En 1852, par exemple, les ecoles de Madrid, de Barcelonę et dc Bilbao ouvrent leurs portes; en 1853, c’est au tour de celle de Lausanne, et en 1855, PEcole polytechnique federale ouvre les siennes a Zurich.
Tous ces etablissements ont ete des leurs debuts non seule-ment des ecoles dcstinees a former des ingenieurs, mais aussi des lieux de recherches, donc des centres d’echanges d’idees entre des groupes de savants. Mais il ne s’agissait toujours que d’institutions nationales, ou meme regionales.
Cest seulement vers la fin du XIXe siecle et au debut du XXe, que Ton comprit 1’absolue nćcessite d’organiser des echanges internationaux, et de creer des institutions qui ser-viraient de traits d’union aussi bien entre les acadćmies des divers pays, qu’cntre les ecoles scicntifiques et techniques de degre universitaire. La troisićme etape des echanges entre sa-vants ćtait commencee, celle des Congres internationaux et celle des Associations internationales. Cette etape domine actuelle-ment la recherche scientifique dans le monde entier, et on lui doit de nombreux progres realises depuis le debut du siecle. Cest la raison pour laquelle nous sommes profondement heureux dc voir s’ouvrir aujourd’hui ce Congres de mecanique des sols. Nous ne doutons pas qu’il apportera une belle contribution a l’avancement de cette partie de la Science.
Nous croyons utile de rappeler ici que le premier Congres international d’une autre organisation, celle de la mecanique appliquee, eut lieu a Delft, en Hollande, en 1924, et qu’il fut suivi de celui de Zurich, en 1926. L’Ecole polytechnique federale avait ete fićre, a cette epoque, de recevoir des mains des Hollandais la flamme qui anime 1’esprit de la recherche scientifique internationale.
Aujourd’hui, chose curicusc, Cest encore de Hollande que nous arrive cette flamme, puisque le congres precedent de me-canique des sols et des travaux de fondations a eu lieu a Rotterdam, en 1948. Je tiens a souligner ce fait, qui n’a qu’une valeur symbolique - la decision concemant le choix de la Suisse comme lieu du Congres ayant ete prise par 1’ensemble des Comites nationaux - mais qui n’en constitue pas moins un heureux presage.
Je salue donc tres specialement la Delegation des Pays-Bas, qui apportc a notre Pays, aux ecoles polytechniques de Zurich et de Lausanne en particulier, 1’esprit qui anima la manifestation de 1948, dont tous les participants ont gardę le mcilleur souvenir.
La mecanique des sols est une science tres ancienne. De tout temps, 1’homme a en effet chcrche a prevoir et a maitriser ce qu’on appclle la «poussee des terres». II est cependant in-teressant de constater qu’au cours du XIX® siecle, et meme jusqu’a la fin de la premiere guerre mondiale, cette science, malgre son importance, avait subi une evolution qui restait inferieure a celle d’autres disciplines. Cela provenait principalement du fait que les savants s’occupant de la faire pro-gresser s’appuyaient sur un nombre restreint d’hypotheses
4. Prof. K. Terzaghi, rcceiving thc Honorary Dcgrce of Doctor of Science of thc Swiss Fcderal Institute of Technology from Prof. H. Favre, Rector of the Swiss Federal Institute of Technology Le professeur K.Tcrzaghi rcccvant le diplóme de docteur honoris causa dc 1’Ecolc polytechnique fedćrale des mains du Prof. H. Favre, recteur de 1’Ecole polytechnique fedćrale
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