leurs discours” 333). Le professeur renomme de Leyde et le futur succes-seur du celebre Voetius a Utrecht comptaient parmi les principaux repre-sentants du protestantisme hollandais. Ils n’etaient certainement pas les seuls a lutter contrę Bossuet, puisqu’ils preparaient la voie a la nuee des pasteurs ordinaires qui entraient tous les jours en contact, et, par suitę, en conflit avec les fideles et les pretres de 1’Eglise romaine. Et comme ces ministres n’etaient pas toujours des plus instruits, il fallait leur rendre la tache facile en mettant a leur disposition des repertoires d’arguments ou ils n’eussent qu’a puiser. Coup sur coup parurent des refutations de 1’opus-cule de M. de Meaux. F. Raima, editeur dans la ville universitaire d’Utrecht et homme de lettres, ouvre la serie: il reedite en 1680 les reponses de La Bastide et de Noguier, en y ajoutant la traduction, et, bien entendu, une refutation de YAvertissemenł qui se trouvait en tete de la nouvelle edition franęaise 334). L’argumentation academique, destinee a un public plus restreint et plus savant, est fournie par Spanheim 335). Jurieu, trop passionne pour se laisser acculer a la defensive, ne se contente point d’une reponse en regle a Toeuvre de son adversaire, et passe lui-meme a l’at-taque 330). A entendre le ton d’„honnete homme” de Bossuet, il ne se sent pas a Taise. L’anatheme, 1’injure, voila son domaine. C’est pour lui une trop belle occasion d’accabler 1’Eglise romaine de toutes les invectives que sa haine fremissante peut inventer.
Dans le camp catholique on etait bien embarrasse de toutes ces repliques. II va sans dire qu’on ne pouvait negliger de faire paraitre des dupliques, mais on ne disposait pas de controversistes dont le prestige put contre-balancer 1’autorite de ces avocats de la cause protestante. Pour neutraliser les aigres reparties de Jurieu, le clerge hollandais pouvait encore emprunter la plume a Antoine Arnauld, qui ne craignait pas de mesurer ses forces avec son grand compatriote 337). La refutation de 1’ecrit de Spanheim plaęa les catholiques des Pays-Bas devant des difficultes autrement insurmon-tables. Toleres a peine d^ans leur patrie, ils ne comptaient parmi eux per-sonne qui put egaler la reputation scientifique du professeur de Leyde. A bout de ressources, on eut recours a Bossuet lui-meme. A deux reprises l’eveque de Castorie le prie avec beaucoup d’insistance de confirmer la cause catholique en reduisant au silence cet adversaire illustre 338). Bossuet,
333) Lcttre manuscrite du 15 sept 1680. Cf. Appendice III.
334) Antwoord op het Boek van den Heer ran Condom, vertaald door F. Halma, 1680.
33r’) Specimen stricturarum, 1681.
336) La Politiąue du Clerge de France. 1681; Preserratif contrę le changement de religionf 1681.
337) Apologie pour les Catholiąues, 1682; Reflexians sur un Lirre intitule Preserratif, 1682.
338) Lettres du 27 mai 1681, Corresp., t. 11, p. 232, et du 21 aout 1681, Corresp., t. II, P- 249-250.
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