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K.A.C.F. 23. 1. 1984.
L'apparition du bceuf « importe » (ou obtenu sur place par selection, sous Finfluence des techniques romaines ?) resterait a dater avec precision : il est encore absent par exemple a Villeneuve-Saint-Germain, site toujours occupe apres la conquete. De meme, le remplacement progressif d'une espece par Fautre, ou leur cohabitation, restent a etudier dans le detail cn Gaule. A Dambron (en Beauce) par exemple (FERDIERE et al. 1983, III, 58), au IVe siecle, seule Fespece robuste est prescnte.
Souhaitons que des etudes de la qualite d’analyse, et surtout de synthese, de celle-ci se developpent pour faire ouvrir enfin Farcheozoologie gallo-romaine sur des nouvelles problematiques.
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PROSPECTION ET HISTOIRE DE L OCCUPATION DU SOL. - Certes, les donnćes sont encore fort lacunaires quant a Fapport de Farcheologie a Fhistoire de Poccupation du sol.
Dans ce domaine, les experiences de prospections systematiques seront a Favenir amenees a jouer un role determinant. Et, en la matiere, c’est bien la prospection a vue en milieu laboure (field-walking) qui est susceptible d'apporter la plus riche documentation, car les autres mćthodes de reperagc de sites sont plus aleatoires ou encore experimentales. Pourtant ces recherches de terrain, qui font plus appel a la rigueur scientifique qu'a des tcchniques sophistiquees d’application de la physique ou de la chimie, ne connaissent pas, pour cette raison meme, un engoue-ment comparable a ce que les medias appellcnt les methodcs « scientifiques ». II est particulierement frappant de voir quc cette prospection a vue na meme pas droit dc cite dans la rcvue des methodcs de prospections qu’a recem-ment presentće R. CIIEVALLIER (1981).
Cest par ces methodcs, alliees a d'autres enquetes, que Ton pourra sans doute approcher la dimension des ter-roirs concernes par les exploitation$ antiques, mais de tels calculs de surface fondes sur les donnćes des cartes archćologiqucs traditionnelles, aussi precises soient-elles (en Fabsencc dc prospection systćmatique) conduisent aux hypothćses les plus gratuites et a des aberrations, d'autant plus nefastes qu'clles servent ensuite de reference et de preuve. II est certain qu’en choisissant judicieusement les exemples, on peut aujourd'hui retrouver dans de nombreuses campagnes romaines des surfaces d’exploitations comparablcs a la propriete « catonienne », au domaine « columellien », ou au latifundium de Pline. Ccst ce que proposent ETIENNE et GORCE (1980) pour FEspagne antique. II est en particulier critiquable d’affirmer haut et clair, dans un avant-propos methodologique, que tous les sites decouverts ne sont pas forcement des villas, pour ensuite tous les integrer eventuellement pour les besoins de la cause d'une demonstration specifique....
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ARCHEOLOGIE ENVIRONNEMENTALE. - La contribution de J.P. DAUGAS, J.P. RAYNAL et L. TIXIER (1983) au colloque sur le Second Age du Fer en Auvergne depasse assez largement le cadre chronologique de notre propos ; il aborde toutefois les dćbuts de Fepoque gallo-romaine et son interet methodologique m’incite & ne pas negliger ici cette dense contribution a Fhistoire de Toccupation du sol en Grandę Limagne.
Rompant resolument avec la tradition historiographique, les auteurs - respcctivement specialistes de prehistoire, protohistoire et archeologie medievale - font implicitement appel a l’« archeologie environnementale », mettant en ceuvre les Sciences de la naturę, et ici, singulierement la sedimentologie et la palynologie.
Le modele qui nous est offert, en rupturc radicale avcc le schema « evolutif » simple habituellement fourni du deboisement et du peuplement (cf. par exemple FOURNIER 1959 sur cette rćgion), presente un caractere cycli-que : entre la fin de FAge du Bronze et le Haut-Empire romain, la conquete des basses terres, humides, de la Limagne, ne peut se faire qu'au prix d'une lutte constante et mobilisatrice (drainage, etc.). On conęoit Fincidence de catastrophes naturelles, que Pon peut ici soupęonner, ou de crises politiques, socio-economiques, sur ce difficile equilibrc : alors les chenaux s'engorgent, et Phabitat doit renoncer aux basses terres. Une telle situation est notam-ment perceptible, apres Pimportante expansion de la Tene III, a la periode critique contemporaine et immediate-ment posterieure a la conquetc. Ce n’cst qu'au cours du Icr siecle ap. J.C. quc s'ouvre un nouveau cycle de misę en valeur dc la Limagne et que, comme remarque souvent ailleurs, se met en place Poccupation du sol purement gallo-romaine.
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ARCHEOLOGIE FORESTIERE. - La question du boisement et du deboisement, et cn particulier Fhistoire des forets, est un ćlement d importance dans Fhistoire de Poccupation du sol. Le Groupe d‘Histoire des Forets Fran-ęaises (D. WORONOFF, 45 rue d’Ulm, 75005 PARIS) (Hisi. Forets 1982) s'est notamment attele a cette tache. Mais Fon peut regretter qu'en ce domaine encore Fepoque gallo-romaine soit le parent pauvre, alors que se deve-loppent les recherches environnementales (palynologie, etc.) sur les periodes pre et protohistoriques, les recherches documentaires sur le Moyen-Age et FEpoque Moderne. Ainsi, un ouvrage recent (BADRE 1983), ne consa-cre-t-il que 13 lignes, fort traditionnelles, a la foret romaine en France, sur quelquc 310 pages !