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23 LES INTELLECTUELS DU SUD-EST EUROPfiEN (XVI l^e S.) 203

de toutes les vertus morales.»⁶¹. Ajoutś au XYII^e siacie a l’activitć artistiąueet typographiąue existante depuis longtemps et dont bśneficiait tout 1’Orient chrćtien — Roumains, Grees, Arabes, Slaves du Sud, Gćor-giens — l’enseignement apporte un nouveau bienfait, amplifiant eneore le role considćrable du facteur roumain dans la culture orientale du temps.

A l’exception de la Dalmatie, les autres zones du Sud-Est euro-pśen ne disposaient pas de structures culturelles eomparables a celles mentionnóes plus haut. Nous ne disposons pas de donnćes suffisantes sur la situation de la Bułgarie durant cette pśriode, mais il est certain qu’au moins l’instruction — dont le niveau devait etre des plus mo-destes — ótait assurśe dans les zones orthodoxes par le systdme grec (ćcoles conventuelles et paroissiales) et dans les zones islamisśes suivant le sys-tóme turc. Les communautćs catholiąues śtaient incontestablement plus favorisćes dans le domaine de 1’enseignement. La propagandę ćtait basće en grandę mesure sur les ćcoles, telle que celle de Sofia, qui pouvaient ouvrir aux Ó16ves — fut-ce par la thśologie — les horizons occidentaux ⁶².

La Bośnie et l’Herzśgovine constituaient, avec 1’Albanie, la limite ouest de la crćation culturelle islamique dans la Pśninsule. Le rśveil na-tional de l’ópoque moderne a relćguć a l’arri6re-plan le long effort littć-raire, thśologique et scientifique des intellectuels bosniaques d’expression orientale, effort non seulement couronnś de rćussites des plus remar-ąuables, mais pleines d’intśret aussi pour 1’śtude des eontacts entre 1’Orient et 1’Occident⁸³. Entre la perte de 1’indśpendance du royaume de Bośnie (1463) et l’occupation de la Bosnie-Herzśgovine par 1’Autriche (1878), la culture des deux provinces a ótó illustrće par prós de trois cents per-sonnalitśs qni, outre leur langue maternelle, cultivaient aussi soit le turc, soit l’arabe, soit le persan, parfois deux de ces langues ou meme toutes les trois.

Pour les nócessitćs de leurs £tudes, les uns — plus rarement, cer-tes — apprenaient des langues occidentales, tel le chroniqueur Ibrahim

^fl E. de Hurmuzaki — A. Papadopoulos-Kerameus, Documenle priuitoare la isloria ro-mdnilor (Documents concernant Thistoire des Roumains), vol. XIII, Bucarest, 1909, p. 227.

ⁱ² Ivan Dujćev, II catlohcessimo in Bułgaria nel secolo XVII, dans « Orientalia chris. tiania analecta », 1937, pp. 30 sqq.

®³ Cf. Z. Vesel&, O muslimske BosnS (La Bośnie musulmane), dans« Novy Orient*, 21 (1966), pp. 216 — 217. Au sujet de la contribution bosniaque k la culture de fIslam, v. 1’ćtude de Smail Balić, Der sildslauische Anleil an der Prosalileralur der Osmanen, dans « ósterreichi-sche Osthefte », 8 (1966), cah. 6, pp. 468 — 477. Ce que Ton connalt de ce chapitre des littćra-tures sud-est europćennes est dń k la curiositć des orientalistes occidentaux, mais aussi et surtout au zćle des auteurs bosniaques ou turcs (v. plus loin). Balić tente de reprendre le problćme avec des intentions de rćhabilitation, convaincu que, bien que «Fordre fćodal ne favorise 6videmment pas le progres de la civilisation, le XVII® sićcle et, en partie, le XVIII® ont reprćsentć pour la Bośnie, en comparaison de la pćriode prć-turque, une ćpoque de grand essor culturel et social * (p. 470). L’auteur dćplore que certains auteurs, influencćs par des considćrations nationales ou idćologiques, ont nćgligć les aspects positifs de 1’idćal religieux des musulmans bosniaques et ont par 1 k sous-estimć leur oeuvre culturelle. Les passages de cette ótude qui ont trait k la Bośnie tirent leur information de 1'ćtude de Balić.