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en Hongrie (1687), auxquelles il prit part, le studieux jeune boyard frśąuenta probablement les biblioth6ques des monasteres, qui lui auront peut-etre fourni certaines sources pour son premier ouvrage Le Divan <Jassy 1698)Au cours du meme sifecle, le Capucin Cassien visite des monasteres coptes et ćtablit des listes de manuscrits, mentionnant que « ce sont des livres eccl£siastiques, grand nombre de psautiers, ćvan-giles » et dśplorant que «leurs livres sont jettćs par terre et tenus en fort peu estime ». Toutefois, dans les quatre monasteres coptes de saint Macaire, il ne put accśder qu’£t trois bibliotheques, «car au quatrieme ils ne purent ou feignirent de ne pouvoir trouver les clefs »4S. La rśserve <łes moines face a la curiosite des chercheurs occidentaux — qui se manifeste aujourd’łiui encore — avait a sa base des motifs anciens et lćgitimes : en 1717, au monastere Sainte-Catherine du Mont Sina!, on ne permet a un voyageur ni de faire un inventaire, ni de copier des manuscrits, mais seulement de les voir, « & cause des vols precćdents »46. €ette rśserve devait etre encore plus marquśe dans les bibliotheques arabes ou turques, nombreuses, importantes et bien organisśes, mais accessibles seulement aux fideles de 1’Islam stipulśs par 1’acte de do-nation des livres (waqf)47; les informations de Cantemir sur les collec-tions de la biblioth^que du Sśrail constituent une grandę exception.
INDICES CULTURELS DE LA TURCOCRATIE: LES ĆCOLES
Un rśseau śtendu de bibliotheques implique certes, un public instruit, a la fois capable et dćsireuxde les frśquenter. La capitale de 1’Empire ottoman disposait a ce qu’il semble, de nombreuses institu-tions d’enseignement pour la formation d’£rudits ou de fonctionnaires 4’Etat. A en juger par les chiffres, quelque peu optimistes peut-etre, -d’Evliya Tchelebi48, il existait a Constantinople de son temps 1 993 ścoles primaires, 78 mśdressśs, dont les plus śleyśes ćtaient celles
44 Cf. notre ćtude Inceputurile lilerare ale lui Dimitrie Canlemir (Les dćbuts Iittćraires •dc Dimitrie Cantemir), dans D. Cantemir, Diuanul (Le Divan), ćd. V. C&ndea, Bucarest, 1969, p. XXIII.
45 R. Clóment, op. cit., p. 27.
44 Mahfouz Labib, Płlerins et ooyageurs au Mont Sinal, Le Caire, 1961, pp. 103—104.
47 Ioussef Esche, Les Bibliolhłques arabes publiques et scmi-publiques en Mesopotamie, •en Syrie et en Egypte au Moyen Age, Damas, 1967, p. 374. Pour les biblioth&ąues turąues de PEurope du Sud-Est, v. Particie de C. Culpan, Balkantar' da Osmanli turk kutuphaneteri (Les bibliothfcąues turąues aux Balkans k Pćpoąue ottomane), dans «Turk kiilturii *, 1966, n° 40, pp. 418 — 425.
41 Louis Bazin, LitUrature turque, dans Encyclopłdie de la Plliadey Histoire des littć-ratures, voI. I, Paris, 1955,p. 930, attribue pourtant k Evliya une « valeur documentairc inógalóe k Pćpoąue, en d6pit d’exagćrations que leur invraisemblance rend pratiąuement i noffensives *.