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15 LES INTELLECTUELS DU SUD-EST EUROPEEN (XVII^e s.) 195

que des ómissaires spóciaux ćtaient partis en Orient a la recherche de manuscrits et de livres destinćs & enrichir d’une doeumentation nouvelle la bibliothfcque royale ²⁹.

A 1’action des ćrudits laics venait s’ajouter celle des missionnaires. Une «mission du Levant» avait ćtś crćśe en 1609 & Constantinople. En 1622 prenait naissance la Congrćgation De propaganda fide ³⁰. En ce qui concerne le sens immćdiat de l’of£ensive missionnaire au Levant, il n’y a pas a se tromper: il ćtait moins pro-chrótien qu’anti-isla-mique. L’ćlan «fut donnć par un homme qui ótait bien placć pour etre tr&s efficace: le cćlebre P6re Joseph, “1’Eminence Grise”, l’ami de Ri-chelieu. Parmi les grands desseins de ce vaste ceryeau, il y avait eu celui d’entreprendre une Croisade contrę les Turcs. Lorsqu’il se fut rendu compte que son projet ćtait irróalisable et qu’il eut ćliminć ses belli-queux complexes dans son interminable po6me de la Tureiade, le Ca-puein se tourna vers d’autres moyens de faire reculer 1’Islam : la mission »³¹.

Nous verrons plus loin quel fut le role des missions dans la forma-tion d’une catógorie particultere d’intellectuels sud-est europćens : les. convertis. Mais les apótres du catholicisme au Levant ont ógalement. inscrit une page importante dans 1’histoire de l’Orientalisme. Par z61e ou par curiositó — ils arrivaient jusqu’en Egypte et en Abyssinie. Us s’intćressaient aux monuments, aux manuscrits, & la langue, aux mceurs des pays ou ils pćnćt raient³². L’Europe dćcouvrait ainsi de nouvelles zones de culture qu’elle commencait maintenant a aborder en faisant tenus k TAmbassade de France k Constantinople, ces jeunes gens avaient un professeur turc (hodja) et ćtaient destinćs k Tappareil franęais de relations avec TOrient. Voir ćgalement Mohammed Abdel-Halim, op. cit., p. 34, n. 15. Pour les projets de Colbert concernant le Le-vant, v. notamment Lettres, instructions et mómoires de Colbert, 6d. par P. Clćment, vol. I—X, 1861 — 1865; comte de Saint-Priest, Młmoire sur l*Ambassade de France et le commerce frańęais dans le Leuant, Paris, 1877 ; C. W. Cole, Colbert and a century of French mercantilism, vol. I —II, New York, 1939.

²⁹ H. Omont, Missions archeologiques frartgaises en Orient aux XVII^t et XVIII^e sił-cles_t vol. I—II, Paris, 1902.

³⁰    R. Clćment, op. cit., p. 22.

³¹    Daniel-Rops, Histoire de l*Eglise du Christ, vol. V₂ (L*Eglise des temps classiques. Ułrc des grands craquements), Paris, 1958, p. 137; cf. ćgalement L. Kilger, Die ersten fiinfzig Jahre Propaganda. Eine Wendezeit der Missionsgcschichte, dans «Zeitschrift fur Missions-wissenschaft », 12 (1922), pp. 15 sqq. et A. Castellucci, II risueglio deWattiuitĆL missionaria e le prime origini della S. Congregazione de Propaganda Fide, dans Le conferenze al Laterano, marżo-aprile 1923, Romę, 1923, pp. 117—254.

³²    L*exploration de 1'Egypte commence dans la seconde moitić du XVII^C siacie parłeś Capucins Franęoiset Portais(R. Clćment, op.cit., pp. 101 sqq.), mais dks 1633 — 1636 Thumaniste et collectionneur de Peiresc demandait des livres ćthiopiens k P. Agathange et recevait des manuscrits coptes de P. Minuti (Apollinaire de Valence, Correspondance de Peiresc et de P. Agathange de Venddme, Paris, 1891, pp. 210—269). Pour les recherches ćgyptiennes de 1647 de P. Elzćar, v. Balthazar de Monconys, Journal des uoyages ..., Lyon, 1665, pp. 169 — 192; pour celles de 1672 — 1673 de P. Vansleb, voir sa Nouuelle relation en formę de Journal d'un Doyage fait en Egypte... en 1672—1673, Paris, 1677.