29 LES INTELLECTUELS DU SUD-EST EUROPEEN (XVIIe s.) 209
ou «tradition prophśtiąue »), les ślśves avaient Pavantage d’y apprendre la grammaire (nahw), la lexicologie (bughah), la rhśtoriąue (balagagh) et la littśrature (‘ilm al-adab) 74.
A PUniversitś d’al-Azhar du Caire, on enseignait les disciplines «traditionnelles » (al-ulum al-naklyia) — thśologie, jurisprudence, tra-ditions et soufisme (mystigue) — ou spirituelles (al-ulum al-paklxya) — philologie, mśtriąue, rhśtoriąue, logiąue et astronomie (y compris la chronologie et les «temps des priśres »). On enseignait śgalement a cette classe — mais sans leur accorder grandę importance — la littśrature, 1’histoire, la gśographie, les Sciences naturelles et les mathśmatiąues. Dans la premiere catśgorie ou insistait surtout sur la dogmatiąue (al-kalam al-tawhid) dans la seconde sur la jurisprudence. L’śtudiant, qui a son entrśe a l’Universitś n’avait que des connaissances sommaires de lec-ture, d’ścriture et de calcul, eommenęait par apprendre pendant toute une annee la grammaire de Parabe classiąue, qu’il devait savoir par cceur en vers (ajrumlya). L’annśe suivante śtait consacrśe a la dogmatiąue (toujours par cceur), assez peu śtendue dans la thśologie musulmane; c’śtait ensuite le tour du droit (al-fiqli), enseignś sur la base du Coran, de la tradition et d’une yingtaine de livres de jurisprudence, conformś-ment au rite hanifit (pur, orthodoxe), officiel dans PEmpire ottoman. La rhśtoriąue, la logiąue, la prosodie et Part de rściter correctement le Coran śtaient śtudiśs apres les trois Sciences principales, au choix de Pśtudiant. L’enseignement consistait surtout en leęons apprises par cceur. Les professeurs commentaient les textes, afin d’en faciliter la com-prśhension et Passimilation, tout en prenant gardę de ne rien ajouter aux exśgeses classiąues dont ils se servaient7S.
De retour chez eux aprśs avoir franchi avec succes lesśchelons de la consścration scientifiąue (danichmend, mulazim, muderris) ąue pou-vaient offrir, en fait d’activitś intellectuelle, a ces jeunes gens, devenus molla ou Jcadi, Constantinople ou d’autres centres de PEmpire? Tout d’abord, des lectures : les manuscrits qui ont circulś et qui ont śtś copiśs, śtudiśs et commentśs attestent Passiduitś qu’ils y apportaient. Ensuite, la preche, 1’orientation des plus jeunes, le commerce d’idśes dans les limites rigoureuses de la doctrine; enfin, ścrire : reprendre, en visant a y dśvoiler de nouvelles valeurs, les ceuvTes fondamentales de la tradition islamiąue. La majoritś des śrudits ottomans se maintiennent en effet strictement dans les bornes de leur propre culture, sans incursions śtran-
74 P. Wustenfeld, Die Akademien der Araber und ihre Lehrer, Gottingen, 1837; Hanne-berg, Abhandlung uber das Schul- und Lehrwesen der Mohammedaner im Miltelalter, 1850; Handworterbuch des Islams, ćd. cit., s. o. Madrasa (pp. 383 — 393) et Maktab (pp.403 —405).
75 Handworterbuch des Islams, s. v. al-Azhar (col. 63 — 69); cf. aussi A. Muller et R. A. Nicholson, Sunnites, dans Encyclopaedia Brilannica, lle ód., vol. XXVI, New York, 1911, pp. 103 — 106.
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