35 LES INTELLECTUELS DU SUD-EST EUROPEEN (XVII< S.) 215
c’etaient śvidemment les ressources materielles auxquelles s’ajouta, de la part tant des parents que des ślśves eux-memes, une yolontś ferme d’instruction, digne d’eloges śtant donnś les circonstances encore extre-mement defavorables pour de telles aspirations.
Mentionnons, par exemple, le żele dont fait preuve Roxane Mavro-cordat pour envoyer son fils Alexandre — le futur drogman — au Collage grec Saint-Athanase de Ronie, tel qu’il ressort des lettres d’un contem-porain, Francesco Martini, au recteur; le Patriarchę de Constantinople s’associait a ce projet d’śtudes pour l’enfant destinś, a ce moment la, au tróne cecumenique 86. L’instruction śtait devenue un instrument de rśussite sociale.
Ce z61e est dścrit a la fin du XVIII* siecle par Iakovaki Rizo Neroulos, qui fait revivre a cette occasion la psychologie de 1’intelli-gentsia phanariote du siecle precćdent: «L’etude approfondie de la langue gi'ecque, du latin, de 1’italien, du franęais et des trois principales langues orientales, le turc, 1’arabe et le persan, etaient des prśliminaires et des instruments indispensables pour rśussir dans la carri&re restreinte et ambitionnśe des charges auxquelles ces Grecs de Constantinople pou-yaient aspirer. Les Phanariotes, qui voyaient dans 1’instruction la source de leur avancement de leur erśdit et de leurs privileges, faisaient cas des hommes instruits et protćgeaient de tout leur pouvoir ceux de leurs con-citoyens qui montraient du merite et des connaissances. Aussi les savants grecs affluaient-ils de toutes parts a Constantinople, comme dans un lieu ou l’on savait apprścier et rścompenser les talents et les vertus. Les jeunes Phanariotes destinśs au maniement des affaires publiques se formaient par les soins śclairćs de leurs parents, se penśtraient de bonne heure de sentiments ćleves et apprenaient a user d’un langage supćrieur a celui du vulgaire; les femmes memes du Phanar parlaient avec puretś et ścrivaient avec ślśgance leur langue maternelle. »87
Or, au XVII* siecle, de telles connaissances exigeaient des śtudes supśrieures qui pouyaient etre acquises soit au Collage Saint-Athanase de Romę, soit aux Universitćs de Padoueou de Bologne. Aprós etre passć par ces institutions, Alexandre Mavrocordato obtint en 1664 le titre de docteur, pour une these de grandę actualitś sur la circulation du sang, d’apres la thśorie de Harvey. De son cótć, le « stolnic» Constantin Can-tacuzino, 1’śrudit qui domine toute la culture valaque de la fin du XVII*
Technology had been substituted for Theology as the obligatory principal subjects », montre A. J. Toynbee dans A study of history, vol. VIII, Londres, 1954, pp. 119—120. Au sujet de tout le processus de transformation des ideaux ćducatifs dans la classe aristocratiąue et la bourgeoisie levantines, v. St. Runciman, op. cit., pp. 221 — 225; Philip Sherrard, The Greek Easł and the Latin West, Londres, 1959, pp. 175—179; C. Th. Dimaras, op. cit.f pp. 111 sqq. 8C E. Legrand, Głnłalogie des Maurocordato de Constantinople, Paris, 1900, pp. 41 — 42. 87 Iacovaky Rizo Neroulos, Cours de litUrature grecque moderne, Geneve, 1828,
pp. 81 — 82.