25 LES TNTELLECTUELS DU SUD-EST EUROPEEN (XVII • 8.) 205-
1661—1662, il notę a Scutari onze mosąuóes, chacune avec sa mśdressśr il y rencontre des śrudits sofia et ulema -, a Delvina, il y avait trois mćdressśs, trois ćcoles ćlśmentaires et trois monastóres, de meme dans les autres grandes villes, comme Gjinokastra et Berat, laąuelle — outre une tehe — avait des mćdressćs et des ćcoles du temps de Bayazid II. A Valone le voyageur turę parle de trois mśdressśs, cinq ścoles ślćmen-taires, trois monastóres avec cent dervicłies et une teke. Kavaja renfer-mait deux mśdressćs (sans ścoliers), trois ćcoles ślćmentaires et deux
monasteres; Peąuin, trois mśdressśs, cinq ścoles frćquentśes et deux
monastóres ; Elbasan, enfin, n’avait pas moins de dix monastóres, 46 mos-qućes avec leurs mćdressćs, voire un mćdecin, Muhki Tehelebi, le « Souffle du Mśssie», qui «pouvait meme ressusciter les morts ». La population parlait Palbanais, mais les gens instruits savaient le grec, le turc, certains-meme le persan.
Malgrś ces implantations sur les rives de l’Adriatique, trois siecles-apres la conquete la Turcocratie europćenne ćtait, du point de vue cul-turel, tout aussi peu victorieuse dans les Balkans qu’en Perse ou dans
les pays arabes. Renś Grousset a remarquć trós justement que seule
1'Anatolie grecque avait ćtć radicalement tureisće67. En dehors des zones susmentionnśes soumises a la domination du Croissant, qui vś-gśtaient dans leurs vieilles structures prś-islamiques, mais śtaient tou-jours sensibles aux contacts avec 1’Oecident, la Mśditerranśe orientale comprenait encore des territoires soustraits a 1’influence directe de PIslam. D’abord les ileś, objet de disputes sśculaires entre deux guerres saintes, Punę musulmane et Pautre chrćtienne, le djihad et les croisades. Rhodes, Chypre — de meme que la Hongrie — ne furent occupćes que dans la-premióre moitić du XVI1 2 siacie, aussi 1’empreinte de la Eomanitó vśni-tienne y est-elle bien plus forte 68. Soumise a peine en 1669, la Cróte reprśsenta pendant longtemps un territoire privilśgiś ou se dśveloppaient surtout Part et la littćrature grecs, enricbis de puissants apports vćni-tiens, dans un climat d’aisance, de luxe et de libertś bien plus grandę. Enfin, le Mont Athos, dont la coneentration spirituelle chrćtienne im-pressionnait jusqu’au gouvernement des sultans qui lui accorda maints privil6ges et actes de propriśtś, pouvait poursuivre dans une paix rare-ment troublśe, avec 1’aide matórielle des voivodes roumains, Paecom-plissement de son ancienne yocation chrćtienne.
Marino Bizzi d'Antivari, publiće par Fr. Racki, Izojcstaj barskoga nadbiskupa Marina Dizzia o suojcm pulouanju g. 1610 po Albanskoj i staroj Srbiji (Le rapport de l’archcv£que de Bar, M. Bizzi sur son voyage de 1610 en Albanie et Tancienne Serbie), dans 2 Starine 2, 20 (1888).
•7 Renć Grousset, Bilan dc rhistoirc, Paris, 1946, p. 282.
8 Ce qui autorise C. Th. Dimaras & considćrer comme Signcs de la {etc les manifesta-tions culturelles chyprio-crćtoises du XVIIC sifccle, v. op. cit., pp. 74 — 96.