agitent le royaume1. Assembićes et ambassades donncnt licu a d’innombrabIes discours d circonstance, qui permettent aux porte-parołe des parties en presence de faire valoir leur tala d’orateur. La conjoncture polmąue europeenne suscite une intense acthite diplomatiąue, ą\ favorise les echanges culturels2 3. Les notaires et les secretaires oeuvrant au sein dc chancdleries franęaises, souvent appeles a voyager a Pexterieur du royaume, nouent dc contacts officiels, mais aussi personnds, avec Ieurs homologues etrangers. Certains s montrent receptifs aux nouveltes tendances intellectueUes - caracterisees par la vok>nte d remettre a Fhonneur les lettres classiques - qui s’afl5rment depuis quelque temps dans I peninsule italienne: c est durant le regne de Charles VI que s’epanouit ce qu’il est conven d’appeler le "premier humanisme franęais"1. On sah que Fart du discours est au coeur de preoccupations des humanistes4; nourrie par 1’etude directe de modeles antiques, len eloquence tranche nettement avec les genres oratoires pratiąues au Moyen Age. On peut de lors s’interroger: les annees 1380-1420 constituent-elles un point toumant dans Fhistoire de I rhetorique en France0 L’examen de Focinre de Michel Pintoin, auteur fort sensibłe au pouvoi du verbe sur les esprits, permet-il d’esqui$ser une reponse a cette question?
Comme Pa fait remarquer James J. Murphy dans un guide bibliographique pani en 198? Petude systematiąue de la rhetorique medievale rTest amorcee que depuis quelques decennies
Sur I'engagement politiąue des universiiaires sous Charles VL voir Bernard Guenee. Un meurtre. une societe l assassinai du duc d'Orłeans, 23 novembre 1407. Paris, Gallimard, 1992, en particulier pp. 180-264; Jacque Verger et Charles Vulliez. "Crise et mutalions des universites franęaises a la fin du Moyen Age", Histoire de unwersites en France (J. Verger, dir.), Toulouse, Privat, 1986, en particulier pp. 109-110 et 113-125. J. Kryner L empire du roi. pp. 281-296. Voir egalement infra, pp. 44-45.
11 n est pas sans interel de noter que les demićres dćccnnies du XIV* siecle voient Pćmergence d’un langag artistiąue commun a (‘ensemble de rOccident. Apparu vers 1380, ce style, que les historiens de l’an designer sous le nom de "gothique international*. connah son apogee entre 1400 et 1425 et persistc jusqu'au milieu d XV* siecle emiron. Voir par exemple Franęois AvriL L enluminure a lepoaue gothiąue. 1200-1420. [s. 1.' Bibliotheque de PImage. 1995 [I“* ćd.: 1979], pp. 105-139; John Stcer et Aniony Wbite. Atlas of Western At Hi story. Artisls Sites and \fovements from Ancient Greece to the Modem Age. New York. Facts On Filc 1994. pp 128-129.
Voir notamment Gilbert Ouy, "Paris. l un des principaux foyers de 1‘humanisme en Europę au d£>ut du X\ siecle". Bulletin de la Societe de l'histoire de Paris et de l'Ue-de-Francey vol. 94-95 (1967-68), pp. 71-98; Ezi Omato. "Avant-propos", Preludes a la Renaissance: aspects de la vie intellectuelle en France au XI* sieci (Carla Bozzolo et E. Omato, dir.), Paris, Editionsdu CNRS, 1992, pp. DC-XVI. Cf. infra, p. 64.
Hanna H. Gray, "Renaissance Humanism: The Pursuit of Eloąuence”, Journal of the History of Ideas, vol. 2 (1963), pp. 497-514.