On notera, a propos de 1’assassinat de Louis d’Orieans, que Ie Religieux se pennet d’ajoute quelques mots (dure, crudeliter) qui traduisent bien sa propre reaction122.
Le troisieme et demier cas que nous avons a examiner est le discours par lequel maitr Goiliaume Saignet, conseiller de Louis II d’Anjou et porte-parole des princes du pan armagnac, a inaugure, le 22 juillet 1413, les conferences de paix de Pontoise, qui devaien mettre un terme a la crise cabochienne. Guillaume Saignet a etudie les deux droits PUniversite d’Avignon, ou il a d’abord obtenu la licence en droit civil puis, semble-t-il, I, licence en decret123 Michel Pintoin le qualifie simplement d"'insignis doctor" (V, 114] renomme comme il se doit pour son eloquence (eloąuenaa clarus V, 96); pour Poccasion, i sest d’ailleurs expńme "disertissime* (V, 114). Son discours n’est essentiellement connu qu par ce qu’en disent le Religieux de Saint-E)enis et Enguerrand de Monstrelet: le premier, san preciser ses intentions, en a donnę une traduction en apparence assez complete (V, 96-114] alors que le second declare l’avoir rapporte "en substance"121 On verra plus loin ce qu’il fau penser de la valeur respective de ces deux temoignages; il convient d’abord d’examiner ce qu le texte du Religieux peut nous apprendre au sujet des procedes rhetoriques employes pa 1’orateur.
Le discours prononce par Pambassadeur du duc d'Anjou a une structure hybride, qui tien a la fois du sermon thematiąue et de Yarenga. Dans le cas present, le sermon constitue un sorte de preambule a la partie principale du discours: dans cette demiere, Porateur presente le doleances (narratio) puis les demandes (petitio) des princes, avant de conclure (ftnemąw verbis faciensr. V, 114) en reprenant le topos familier de la modestie123. Le texte du sermon es emprunte au psaume 25 (24), verset 15: "Oculi mei semper ad Dominum" (V, 96). II es introduit par une citation que Guillaume Saignet attribue a Platon (pro cujus introduction<
Cf. B. Guenee. "Documenls inseres et docuraents abreges". pp. 395-399.
123 Alfred Coville. La vie intellectuelle dans les domaines d 'Anjou-Prmence de 1380 a 1435, Paris. Droj 1941, pp 320-321.
124 La chroniąue d Enguerran de Monstrelet. 6L ritóe, L 2, pp. 3T7-387. Monstrelet loue lui aussi le talen oratoire de Guillaume Saignet: celni-ci sest exprime, dit le chroniąueur. "en beau firanęois. bien et hault e beaul.\ termes. moult notablemcnt" (ibid., p. 377).
125 L orateur dćclare que si ses paroles ont paru offensantes, il (aut en imputer a faute a sa Bdćlitć. a s simplicite et i son ignorance (hoc imputetis fidelitati. simplicitati et ignorancie), avant d'ajoutcr qu’il enteni travailler a la paix autant que le lui permettront ses faibles moyens (pro modico posse meo).