a ćte realisee sur ce chapitre. A elle seule, elle depasse de plusieurs fois le cout total des etudes geomorphologiąues.
Enfin, la connaissance du rśgime du Fleuve, appuyee sur les leves systśmatiąues, a permis de prevoir quelques inconvenients graves qui auraient resulte de certains projets. Tel est le cas du projet de barrage de Gouina. L’idee d’un grand bureau d’etude specialise etait de construire ce barrage pour retenir le debut de la crue et la lacher ensuite brusque-ment pour inonder rapidement les zones cultivables de la vallee utilisees par les Africains pour les cultures de decrue. De la sorte, les irregularites du debut de la crue, souvent dommageables, seraient eliminćes. On evi-terait aussi les pertes considerables d’eau dues a l’evaporation pendant une montee lente des eaux. Mais nous avons constate que la principale periode d’activite du Sśnegal etait justement lors de la montee de la crue, qui provoque, dans la basse vallee, un doublement approximatif de la pente de la surface des eaux. C’est alors que les rives concaves sont sapees, que les meandres evoluent, que des masses considerables de sable sont mises en mouvement dans le chenal et que les bancs de sable, ge-nants pour la navigation, se deplacent. Deja, dans les conditions actuel-les, ces phenomenes sont muisibles et dangereaux. Or, accroitre la brus-querie de la montee de la crue les accentuerait considerablement. Cela aboutirait a provoquer la destruction de plusieurs villes par sapement des berges concaves sur lesquelles elles sont installees et a augmenter linstabilitś et le volume des bancs de sable que l’on voudrait, au eon-traire, fixer pour ameliorer la navigation. Nos arguments ont paru assez surs pour faire ajourner la construction du barrage de Gouina et pour faire elaborer, a la place, un projet de barrage a Dagana, a la tete du Delta, moins ambitieux et mieux adaptes aux conditions geomorpho-logiques.
Lors de cette premiere experience de cartographie geomorphologique detaillee realisee en France, nous avons pu tenir compte des travaux polonais, dont les donnees preliminaires venaient d’etre publiees et qui nous furent exposśs lors d’une visite par le Professeur M. Klimaszewski. Notre carte, par suitę des particularites de la region, a mis 1’accent sur la chronologie, la lithologie et la dynamique. En effet, il etait essentiel que les differentes accumulations detritiques soient bien distinguees les unes des autres par leurs facies et par leur age: de la sorte, les pedologues ont trouvć sur la carte les elements dont ils avaient le plus besoin. Les differences d’age se traduisant ici presque toujours par des differences d’altitude, la chronologie revetait egalement une grandę importance pour les ecologistes et les ingenieurs. La carte fut initiale-ment dessinće au 1 : 50,000 et fit l’objet d’une diffusion interieure a la M.A.S. sous cette formę. Seule une feuille fut publiee a cette echelle. La publicaton de 1’ensemble de la carte n’a pu se faire que pardivement, par suitę de difficultes financieres et seulement a 1’echelle du 1 :100,000, apres refection complete du dessin qui a oblige a simplifier un peu la prćsentation initiale.
Des 1957, nous avons śte charges de nouveaux travaux cartographi-ques en Afrique occidentale par la Direction Federale de l’Hydraulique ĆFA.O.F. En effet, a la suitę des resultats obtenus au Sćnegal, cet orga-nisme a dćcide de considerer les cartes geomorphologiques comme l’un des documents de base dont 1’etablissement est necessaire pour les etudes de developpement agricole. A cette datę, on mettait entrain de vastes programmes d’etudes sur la moyenne vallće du Niger ( 80,000 km2) afin
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