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L’un des sens de ce mot va jusqu’a !eur interference. Ainsi, a la page 198, en parlant d’une jeune filie espagnole, Carmen, Bertrand rapproche ces deux vocables : «bien qu’elle conservat toute sa finesse de race, quelque chosc de plus robuste s’etait epanoui en elle. Par la beaute de son sang, par son e.\uberance de vie [...] elle etait digne de lui.»63 De meme, au moment de la presentation de sa nouvelle partenaire, Cecco, ami de Rafael, dit: «-Tiens, [...] voila ma nouvelle bourgeoise, c’est une race d'Espa-gnole, une mangeuse de cacaouettes de ton espece...».64
Les italiques aceenluent encore l'importance dc ces mots, on pourrait facilement les remplacer dans le texte par «du sang d’Espagnole» car il s’agit ici d’indiquer les caracteres raciaux et hereditaires caracteristiques des Espagnols. Le sang apparait comme une valeur surę, non seulement comme 1'emblemc de la consanguinite, mais aussi comme l'equivalent du patriotisme, 1’attachement a la terre espagnole. Les grands-parents de Rafael qui se sont enrichis en Afrique, retoument un jour en Espagne apres avoir vainement essaye d’emmener avec eux leur flis Ramon, pere de Rafael, et son frere cadet. Le petit Rafael observe une terrible scenc qui a lieu dans leur maison. Comme Ramon a pris la resolution de ne jamais revenir au pays natal, son pere outre lui dit:
Ecoute! Ramon, [...], qui abandonne son pays renie son sang. Et le sang ne se renie pas, vois-tu, c’est plus fort quc tout!... Puis, s’exaltant soudain, les yeux farouches: - Qui renie son sang renie le Christ, et le Christ le maudira au jour du Jugement...65
On voit cette valeur progresser en importance jusqu’a atteindre une dimension religieuse, sacree, avec la malediction lancee par le vieux vers la fm de cette scene: «-Que Dieu te le paie!»66 La volonte de revenir en Espagne rencontre une forte resistance du jeune homme pour qui 1’Afri-que est devenue son pays natal. La malediction va peser sur toute la familie de Ramon et de ses descendants, mais pour 1’instant le fils repond aux menaces de son pere par: «toute la force d’inertie de la race [...] c’etait la volonte inderacinable comme un roc».67
C’est cette particularite du sang qui va decider de la direction de 1’emigration des Espagnols; ils vont s’installer en Algerie au lieu de
u L. Bertrand, Le Sang des races. op. cii., p. 198. w Ibid., p. 162.
65 Ibid., p. 23.
“ Ibid., p. 24.
67 Ibid., p. 24.