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correspondance du Palais (c’śtait un homme trós organisć, voire mćticu-leux), en transmettant les dścisions du Prince, par tólćgrammes ou par dćpfeches, 8urtout & nos agences de Constantinople et de Paris (ou se trou-vaient, en tant que chefs d’agence Nśgry et, respectivement, Jean (Iancu) Alecsandri, tous les deux ses bons amis). Dans la lettre — nócrologie ci-dessus mentionnśe, Yasile Alecsandri ajoute le fait que Baligot, en qua-litó de secrśtaire du Prince Cuza, a rśdigś, sur le fond des idóes politiques du Prince, une grandę partie de la correspondance de ce dernier avec les cabinets europśens, entre autres la fameuse rśponse & la lettre du vizir Fuad pacha (...), piece diplomatique (la rśponse — notre notę), dont le style et la dignitś font l’un des plus remarquables documents de notre histoire 32.
L’amour et le dćvouement envers le prince s’extśriorisent aussi par la franchise dont il use, et ceci notamment pendant les dernieres annśes
du rśgne de Cuza, afin de rśvśler au Prince des śtats de choses que d’au-tres lui cachaient ou bien 1’informaient mai en lui prśsentant la situation
en rosę.
Bentrś depuis peu & Bucarest, apres le voyage disposś par Cuza, qu’il avait entrepris en Oltśnie, il informe celui-ci — absent de la Capitale, du moment que la lettre est envoyće « du Palais >> le 12/24 ayril 1S65 — de 1’ćtat dśplorable des rścoltes et de Patmosph&re dóprimante qui r^gne parmi les paysans, qui ne veulent plus travailler la terre, persuadśs comme ils le sont d’avoir ćtś trompśs et laissśs pour compte au bon plaisir des maires {* un flćau de plus » ) et des sous-prśfets, car «il y a maintenant deux bakchiches & donner au lieu d’un ». Conscient du fait que, par flat-terie ou par intśret, certains dścrivaient au Prince la situation en couleurs roses (tel C. Bosianu, premier ministre & l’śpoque et d’autres), Baligot se sent obligś de tirer le signal d’alarme: « Le mai est grand, tr6s grand, et 1’optimisme est certes un grand danger & cette heure ». En homme qui jouit 4 de la confiance * et de «1’amitiś » du Prince, il pense etre en droit de faire connaitre & Cuza «la vśritś », ayant vu de ses propres yeux (des yeux litć, Baligot se trouvalt dans la capitale du pays dćs l'6tó 1862. Le 10/22 julllet 1862 Nćgry lui ćcrivait dc Constantinople: t Mon cher Baligot, j*espćre quc vous ćtes enfin arri-vć k Bucarest et que bientót vous serez content, aisć tranquille, riche de 1’amitić et de la confiance du Prince». (Arch. Cuza Vodfi, I, f. 302). Dans les lettres suivantes datćes le 24 Juiilet/5 aodt, le 5/17 aotit, le 9/21 aoilt, le 10/22 aodt, le 14/26 aoftt alnsi que dans d*autres de la mćme annće, Nćgry manifeste sa jole, tel un frćre ainć, en apprenant dans les lettres que Baligot lui envoyait de Bucarest, que celui-ci se sentait « enfin calme et content t; qu'il prenait du plaisir k travailler dans Tentourage du Prince de Tactiyitć quotidienne duquel Baligot lui avait donnć des renseignements aussi plaisants qu*intćressants; qu'il le savait en bonne santć, surtout en ce moment, au dćbut, t dans cette saison > rćputće pour t fitre en gćnćral trćs peu propice aux ćtrangers, qui sont exposćs d*habitude k contracter le malaria dans le premiers jours de leur sćjour chez nous t. Par la suitę, soucleux de sa santć, il lui conseilie: «Continuez, afin de l'ćviter, k vous condulre sagement, k manger des fruits avec mesure et de rester au chaud, aprts le coucher du soleil >. (B.A.R. Arch. Cuza Vodfi, I, ff. 325—326 v.). D'ailleurs, d'une certaine manierę, Baligot se trouvait au service de Cuza, m&me s*il n'ćtait pas encore le secrćtaire officiel du prince, dćs le printemps 1861, ćpoque k laąuelle, k partir du 2 mars, il expćdie k Cuza — d*abord de Constantinople od il ćtait d*une prćdeuse aide k Nćgry, ensuite, aprćs un bref passage k Bucarest, de Paris selon la recom-mandation de Nćgry et avec 1'accord du prince — une riche correspondance, qui se prolonge jusqu’aux 24 novembre 1861 y compris.
M Voir « L*Indćpendance roumaine», numćro citć ci-dessus.