5 ARTHUR BALIGOT DE BEYNE 741
C’est k cette ópoąue que, soit de Constantinople, soit de Paris, Baligot envoie k Cuza un certain nombre de lettres-rapports1® intóres-santes ógalement du point de me du style qui est direct, vivant, journa-listique, usant parfois du dialogue (de pair avec la narration), et qui róvó-lent, en meme temps, de la part de leur auteur, une connaissance appro-fondie des milieus politiques et diplomatiques des deux importantes yilles europćennes de l’ópoque. Beaucoup de ces lettres se rófórent natu-rellement k Nógry aussi, que Baligot, tout en l’aidant dans sa mission diplomatique — comme il a ótó mentionnó — apprócie toujours plus. L’une de ces lettres (du 16 mars 1861) notę que Nógry savait s’imposer dans les milieux diplomatiques de Constantinople « avec 1’autoritś de sa position, de son caractóre, de 1’estime particultóre que professe pour lui les autres », et avec «1’ómotion bien naturelle » que lui inspirait dans diffś-rentes circonstances son «dśvouement» envers Cuza et son «patrio-tisme 1 220.
Dans une autre lettre (de Constantinople, datśe du 12 ayril 1861), Baligot relate & Cuza avec beaucoup de fiertś un impressionant portrait de Nógry appartenant au marquis de Layalette, ambassadeur de France lors d’un entretien qu’ils avaient eu: « Je suis trśs content de ITśgry », lui avait dit 1'ambassadeur. « Une bonne part lui revient dans le succśs de 1’Union; son attitude, son langage ont toujours śtś trśs convenables, trós dignes; il a eu d’excellentes relations avec nous tous et avec la Porte. J’en suis trfcs satisfait; je 1’ócrirai au Prince (...). Ce braye Nógry! j’ai m des larmes dans ses yeux quand je lui ai annoncć que la Porte accordait l’Union. II a parfaitement menć les affaires du Prince k Constantinople ! » 21.
S’associant aux efforts incessants de Nógry auprós de la Porte, des-tinśs k gagner et k maintenir le plus de sympathisants possibles pour la cause des Principautćs, Baligot fait part au Prince de certaines des dó-marches qu’il avait tentćes k l’śpoque, seul ou avec Nógry k Corujtanti-
« Sans pouvoir indiquer sur quelles bases reposent precisśment nos pressentiments, nous nous accordons, Mr. Nógry et moi, k espórer une heureuse solution finale pour le gouvernement des Principautós Unieś »3.
A l1occasion d’im entretien avec le grand yizir — en 1’absence de liTćgry, malade — Baligot, qui avait facilement accfes aux chancelleries des grands dignitaires turcs en sa qualitó' d’ancien secrótaire de 1’ambaB-sade de France & Constantinople et, ćgalement, en tant qu’ancien et habile journaliste, n’oublie pas de plaider une fois de plus la cause soutenue dar Cuza contrę les ennemis de 1’intórieur et de l’exórieur du pays. « J’ai profitó de cette occasion pour dire au grand vizir que le rćcit complóte-ment faux qui lui avait etó fait ótait encore une mancBuyre des ennemis des Principautós Unieś et que je regrettais de la voir si facilement próter
*• Dans Arch. Cuza Vod5, vol. XIV, f. 253—364 v. lndusivement, on rctrouve plus de 30 lettres-rapports (la premićre datóe du 2 mars, la demiire du 10 noveml>re 1861).
Arch. Cuza Vod5; XIV, ff. 261-2C3.
» Arch. Cuza VodS; XIV, ff. 293—294 v. n s’agissalt, au fond, de la reconnaltiance ■de 1’union des Prlnclpautćs rćolisće le 24 Janvier 1859!
» Arch. Cuza VodŁ; XIV, ff. 271-271 v.