3 ARTHUR BALIGOT DE BEY.NE 739
Nśgry intendent de nouveau aupr&s de Cuza en faveur de Baligot, en son nom et ^ celui de Alecsandri, en vantant les qualitćs d’«homme z6l6 » du Franęais, des « seryices assidus et des habiletes diverses » duquel il serait dommage de priver le Prince. U se dćclare persuadś qu’apr6s avoir mieux connu Baligot, Cuza l’« estimera » sans doute, « comme le mśrite sa personne et ses antćcedents & 1’śgard de nos pays »10.
ifśanmoins, Cuza n’engage effectivement Baligot que durant l’au-tonine dc l’annće 1860, lors de son sćjour en Turquieu; au commencement, il ne 1’employa « qu’en vue de missions a Constantinople et ^ Paris. Ce ne fnt que plus tard qu’il le nomma chef de la chancellerie princifcre »12.
En effet, se trouvant encore a Constantinople, dans 1’attente de sa nommination comme secrćtaire de Cuza, Baligot (que Ifśgry utilisait, parfois avec le consentement du Prince — śtant donnś qu’il s’śtait fait de nombreuses relations dans les milieux de la Porte et du monde diplo-matique de la capitale de 1’Empire ottoman — pour certaines missions <lćlicates auprds des dignitaires franęais et turcs) fait une sorte d’appren-tissage des probl&mes qu’il allait mieux connaitre dans sa futurę qualitć officielle. Ainsi, le 29 aout 1860, il « fait un rapport» a, 1’intention de Nśgry — comme il 1’ćcrit lui-meme — « sur la petite mission » que celui-ci, retenu cbez lui pour cause de maladie, lui avait confiće auprós de l’am-bassadeur de France & Constantinople, « relatiyement au prochain voyage » de Cuza dans la capitale turque. Transmettant presque textuellement la rćponse de 1’ambassadeur qui avait reęu au prćalable les assurances Jespectives de la Porte (« Dites a Mr. Ifćgry que le Prince sera reęu avec tous les honneurs et les egards dns a. son rang (...) Quc le Prince se prśsente ici sans orgueil et sans humilitś, et tout ira bien »), Babgot est •content d’avoir pu mener a, bonne fin la tache qu’on lui avait asBignće.
Cadet de quelques annees de Nśgry, qu’il appelait d’ailleurs, tout comme Vasile Alecsandri (nć en 1818), «p4re Costacbi », et de Alexandru Ioan Cuza (n. 1820), dont l’age ćtait cependant proche du sień, Baligot — bien qu’il eOt connu son ami plus Sgć depuis une vingtaine d’annćes, pouvait, lors de la mission diplomatique difficile qu’il devait remplir & Constantinople a ce moment-1^ seulement, se rendre compte et estimer & leur juste valeur les hautes qualitós de notre agent de la Porte a l’ćpoque. Son admiration envers Ifćgry est presque sans rćserves. « Tu ne pourras pas imaginer, mon cher, la promptitude avec laquelle ce grand et beau caract^re, si modeste et si bon, a gagnś 1’estime et l’affection de tous » — ćcrit-il b Yasile Alecsandri, le 18 mars 1860, de Constantinople. «Les Turcs eux-m6meR ont ressenti cette influence. Dans les lógations, tous, en coeur, rendent hommage a, la sagesse, &la piudence, a la douceur deMon-sieur łfśgry (...) ». ... «notre bien-aimć pere Costache (...) a de la fermetć, de la patience, du charme, il a, enfin, le sentiment profond de 1’homme, de sa dignitć, des interets du pays. Jamais votre drapeau
10 Idem, Ibidem.
11 Volr la lettre de Baligot & Iancu Alecsandri du 10 octobre 1860. Mas. — I — Alecsandri, vol. II, f. 133, II* sćrie.
lł Apud R. V. Bossy, Agenfla dlplomaltcd a Romdnlel In Parts leg&lurlle polillce franco-romdne tub Cuza-VodA (L’agence dtplomaltque de la Roumanle d Paris et les rapporlt polttl-ques franco-roumalns sous le prince Cuza) Cartea Romftneascfi, Bucure^tl, 1931, pp. 16—17.