17 ARTHUR BALIGOT DE BEYNE 753
dans le Courrier <VOrient et de 1’attitude prise dans cette polćmiąue par le Journal de Constantinople, vient de paraitre et expose tout au long la manióre dont le gouvernement du sułtan envisage aujourd’hui la ques-tion des Principautśs-Unies. Que cet article soit sorti de la plume d’Aali pacha lui meme, comme je 1’entends dire, je le crois volontiers; le ton gśnćral en est fort convenable, gracieux et, en certains points, tr6s flat-teur pour la personne de Yotre Altesse. On y dócouvre, il est vrai, quelques traits de la vanitć ottomane, mais enveloppśs dans de pompeuses pśriodes & rśsumós par la conclusion qui rattache, aussi honorablement que pos-sible est la chose, le peuple roumain & 1’Empire Ottomane & le Prince au sułtan. En somme, l’article du Journal de Constantinople est un revire-ment complet: la feuille semi-officielle imite les sicambres, elle renie tqut son pasbć, elle est disposee & brCtler tout ce qu’elle a ćcrit contrę l’Union, et, quand on lit les lignes pleines d’onctions qui s’adressent & Yous, Mon Prince, on est tentć de croire qu’elłe ne tardera pas & adorer le principe dans le personne de 1’apótre. Cette volte-face a causś dans le public un -certain śtonnement meló de beaucoup de satisfaction. Devant la dśfaite si eclatante de la politique de Journal de Constantinople, dćfaite aeceptóe de si bonne gjace, le Courrier d1 Orient devait se montrer gćnóreux; il s’est contentć de prendre acte des dćclarations de la feuille semi-officielle. J’ai 1’honneur d’envoyer & Votre Altesse les deux articles dont il s’agit.
Ainsi que je me suis empresse de Vous 1’ecrire, Mon Prince, c’est par Mr. 1’ainbassadeur de France que j’ai connu la dćcision dófinitive de la Porte. Lundi dernier, !VIr. de Lavalette s’ótait rendu chez Aali pacha pour diverses affaires, et il lui communiqua, entre autres choses, une dśp6-che de Mr. Thouyenel, qui recommandait k Mr. 1’ambassadeur de presser aupres de la Porte la solution des questions posćes dans le Mómoire de Votre Altesse. Cette lecture terminóe, Mr. le ministre des Affaues etran-g6res prit un papier & le prśsenta & S.E. en lui disant: « Lisez ceci; je crois que vous serez entierement satisfait ». C’ótait le projet d’une Notę adressśe aux reprćsentants des six Puissances garantes, dans laquelle la S. Porte declare qu’elle a pris en considóration les demandes de Votre Altesse et invite les Cabinets & s’unir k elle pour rógulariser les changements qu’elle croit utile de faire 2l la Conyention dans le but de favoriser le dś-yeloppement & la prospóritó des Principautćs-Unies. Mr. de Lavalette fut, en effet, trós satisfait. C’ótait un succes complet; tout est clairement spścifiś dans le projet. Le caractere d’Aali pacha est trós rśservć, trós prudent; la communication qu’il faisait & Mr. de Lavalette indiquait que les questions śtaient des ce moment tout & fait rósolus & qu’il n’y avait & redouter aucune difficultó. Aali pacha ajouta que l’affaire serait poussśe sans perdre de temps. Sur ce point je dois dire & Votre Altesse que je me suis laissó quelque peu emportć par le sujet dans ma dćpeche No. 14, quand j’indiquais le lendemain du jour ou j’ćcrivais, c’est-a-dire le 18, comme celui de la communication de la Notę de la Porte aux lśga-tions. J’ai fait confusion. JPaurais dd parleur du Grand Conseil qui doit etre consulte dans cette question politique. Ce n’est d’ailleurs qu’une 8imple formalitć au dire d’Aali pacha lui-mSme. J’avoue cependant que