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33 LES RŁEORMES D’ISAAC COMNENE 67

dement...»¹¹⁹. Le passage se rófere peut-etre a 1’insurrection miłitaire meme et donc, implieitement, a la ąuestion de la candidature au tróne. Dans ces conditions, il n’y a plus rien d’ćtrange, il est au contraire dans la logiąue des choses qu’Isaac Comnene n’ait cćdó le tróne k personne d’autre que justement a Constantin Doucas. Cela d’autant plus que Cons-tantin Doucas śtait marić a Eudoiie, mere de Michel Ceroullarios, le partiarche destituć par Isaac Comnene, circonstance de naturę a aggraver les sentiments d’hostilitś a 1’ćgard de 1’empereur ¹²°.

Tous ces faits nous autorisent a parler du grand complot de la bureaucratie impśriale pour le renversement d’Isaac Comnene. C’est probablement un cas unique dans toute 1’histoire europćenne de ces siecles que le titulaire du pouvoir central ait ćtć renversś par l’appareil meme du pouvoir d’£tat, et cela sans Yiolence d’aucune sorte, sans une rćvo-lution de palais dans le YŚritable sens du mot, puisque la gardę impćriale n’est meme pas intervenue. Tout s’est passć par un sabotage systć-matique de 1’actmtó gouvernementale, par une action continue pour ame-ner la paralysie de celle-ci. On peut se demander comment la Yictoire de la bureaucratie imperiale fut possible. La rćponse a cette question nous est donnśe, en partie du moins, par un trait caraetfcristique pour certaines circonstances du regne d’Isaae Comnene : a saYoir que ce rógne a cons-tituś une tentative d’instauration d’une dictature personnelle qui n’a ni su, ni eu le temps de s’appuyer sur des forces socio-politiques durables. Tout concourt a crćer 1’impression que l’empereur s’est tenu a 1’ćcart des cercles reprćsentatifs de la sociśtś, d’ou un isolement qui a conduit logi-quement a un affaiblissement considćrable de ses positions. De ce fait, le complot a ćtć rendu possible, a pu etre prćparś et menć seeretement jus-qu’au moment de la dścision finale. La situation d’isolement d’Isaac Comnene est śvidente si l’on considere d’une part certains aspects de ses rela-tions avec 1’ślśment miłitaire, d’autre part celles avec sa propre familie.

Lorsqu’il dócrit Pinsurrection miłitaire de 1057, son dśbut et son dÓYeloppement Yictorieux, Skylitzes ne cache pas sa sympathie pour 1’autre chef de la rćvolte, Katakalon Kćkaumćnos, qu’il prćsente comme

¹¹¹ Psellos, II, p. 136 , chez Anonymus Barensis, 6d Muraton, V, p. 152, on trouve pour 1’annće 1060 le texte suwant: « Commimano voluntare dedit Domino suo Constantino Dukizzi & mduit sibi habitum Monachicum *. D s’agit certainement d’une interpolation ultćneure, car le passage ne se trouve pas chez Pertz, Monumcnta Gcrmamac Histonca, SS , Hanovre, 1844, V, p. 59, ou sont edites Anonymus Barensis et le continuateur de celui-ci, Lupus Piothospatha-nus ,• A. F. Gfrorer, op. cit., ne sachant pas que c’est une interpolation, pensait que la lecture de 1’editeur est crronće et suggćrait mgćmeusement, soulignant justement par 1& 1’idće de 1’abdica-tion forcće, qu’au lieu de dcdit ii fallait bre ccdit Mais du moment qu’il s*agit d’une interpolation, celle-ei suppose Tintention de masquer la vćrit6 en soulignant deux elćments * 1’abdication volon-taire et le fait que Constantin Doucas ćtait le maltre d’Isaac Comnfcne lei aussi, on peut parler d’une sorte d’ócho sur la postćritć

¹²⁰ L. Brćhier, op. cit, p. 255.