17 LES REFORM ES D’ISAAC COMNENE 51
n’impliquent pas absolument une alienation du domaine d’Etat. Un śclaircissement a ce sujet ne nous sera fourni que par un passage d’un historien de la gćnćration suivante, Zonaras, qui, dścrivant la maniere dont Isaac Comnene obligea Constantin Leichoudes a y renoncer, montre que Constantin Monomaque «... lui a accordś la pronoia des Manganes et lui a renforcć cette immunitś par śerit...»56. Gest cette immunitś qu’Isaac Comnene tenait a annuler, abolissant un prścćdent capable d’apporter de graves prśjudices au domaine de 1’Etat. Meme si elles ne constituaient pas une justification de 1’action d’Isaac Comnene, les prś-cisions de Zonaras expliquent 1’intransigeance de celui-ci. Ce qui dśran-geait 1’empereur, c’śtait 1’immunitś attachśe a la pronoia5?.
On s’expbque ainsi que — sans mentionner de faęon expresse le cas, mais en l’ayant certainement en vue dans son esprit a cótó des autres aspects de la róforme fonciere — Attaleiates ait śtś obhgś de reconnaitre que « ... la chose pubbque augmentant de diffśrentes mameres et par de nombreuses mains, a reęu de 1’accroissement et un sensible allś-gement...»58.
La rejorme ecclesiastique. Essai de neutralisation politiąue de VE<j!ise~ Ainsi que les sources l’indiquent, une des premieres mesures d’Isaac Comnene fut d’accorder 1’autonomie d’administration et de gestion a l’Eglise Samte-Sophie de Constantinople. L’empereur, dit Attaleiates,. « abandonna a la Grandę Eglise tous les droits sur les affaires ecclćsias-tiques qui rentraient jusque la dans les attributions impóriales ; dśsor-mais, le palais devint completement śtranger a leur administration. Ni la charge d’śconome, ni 1’administration et la protection des biens-fonds ne furent dósormais du ressort des agents de 1’empereur; ils dśpendirent de la volontś du patriarchę, qui reęut a la fois la nomination des per-sonnes et l’administration des choses »59. La mesure fut certainement considćrśe d’importance, car elle est rapportśe par toutes les sources ultćrieures jusqu’a 1’histoire en vers du XIII2 siecle d’Ephraimos quir si elle ne consigne pas la confiscation par Isaac Comnene des domames conventuels, notę en śchange assez clairement que : «... II a confiś a celui-ci le soin de toutes les affaires de 1’Eglise, dont deux dśparte-
*• Zonaras, III, p 670 . « xai tJ)v tuv Mayy<ivo)\> avlteTO Kpovoiav xal ra 7repl rrję eXei>Oepiocę auxćov lve:ucrTEua£v £yYPaCPa 2 Sur 1’iniportance de la curatelle des Manganes, voir Fr Dolger, op cit , pp. 42 — 43, 110, G Ostrogorski, op cit, p 21 Sur 1’opulence de Tarchitecture en tant que reflet de son importance ćconomiąue, v R Demangel et E. Mam-boury, Le ąuartier des Manganes et la premibrc rtgion de Constantinople, Paris, 1939, p. 20
7 Au sujet du sens d'immunit6 du terme ś^eu&epLa, v. Du Cange, Glossanum..c. 374. Sur le fait qu2il ne peut s’agtr d2une rćcompense pour un service militaire, v. G. Ostrogorski, op cit , p 22
is Attaleiates, p. 62.
59 Attaleiates, p. 60; la traduction de L. Brehier dans Le sclusme —, p. 270; Skylitzes Cont , pp. 641 — 642; Zonaras, p 666.